LE JOURNAL DU DROIT DES JEUNES

L'éditorial de Benoît Van Keirsbilck dans le JDJ N°257

Ainsi va la vie

Suite à la présence d'un gamin placé en IPPJ à un match de foot, le gouvernement a décidé que l'appel du parquet deviendrait suspensif.

Dont acte.

Prenons donc un juge de la jeunesse moyen qui prend une ordonnance de placement d'un jeune en milieu fermé, placement provisoire en phase d'investigation, un 52quater dans le jargon; ce juge moyen estime ne pas devoir préciser que les sorties sont interdites; elles sont donc légalement autorisées; elles sont même réglementées par un arrêté du Gouvernement de la Communauté française signé par une certaine Laurette Onkelinx; prenons un parquetier moyen qui trouve que c'est pas très tof que le gamin aille voir un match de foot des diables rouges et donc tétaniser les joueurs qui vont perdre sachant qu'ils sont observés par un jeune soupçonné d'’un meurtre; ce parquetier moyen va donc faire appel de l’'ordonnance, fort de son nouveau pouvoir de suspendre l'exécution de cette décision très moyenne du juge décidément très moyen, pour obtenir qu'un juge moins moyen, puisqu'il est supérieur, proclame l'interdiction des sorties et le confinement dudit gamin au pain sec et à l'eau.

Conclusion, l'application de l'ordonnance est suspendue et le jeune est prié d'attendre à la maison que le juge moins moyen décide s'il peut sortir ou pas quand il sera entre quatre murs.

Moralité, le gamin y gagne au change puisque d'une part, il sera libre et d'autre part, il pourra regarder ce match à la télévision sur grand écran chez des copains ce qui est quand même mieux que dans un stade bondé. Les bons politiciens pas moyens du tout y gagneront aussi puisqu’'ils pourront de nouveau crier au scandale, ce faisant faire parler d'eux, et changeront la loi en stigmatisant le parquet qui a fait appel.

Notons que malgré le mois d'août qu'on a connu, il est étonnant qu'’une hypothèse n'’ait pas été examinée par le conseil des ministres : si le match est remis en raison d'intempéries, ne faut-il pas prévoir une exception à l'effet suspensif ? Je suppose que nos dirigeants n'en ont pas eu le temps vu qu'ils étaient préoccupés par l'urgence de secourir des gosses bombardés au Liban et en Palestine.

Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes.