LE JOURNAL DU DROIT DES JEUNES

L'éditorial de Benoît Van Keirsbilck dans le JDJ N°268

Le déssaisissement nouveau
est arrivé !

La nouvelle procédure de dessaisissement vient d'entrer en vigueur. Des spécialistes nous éclairent dans notre numéro d'octobre sur ce qui change et décortiquent les difficultés juridiques auxquelles vont être confrontés les praticiens.
Objectif de la nouvelle mesure :  diminuer son utilisation !
Mais comme dans le même temps, on en assouplit les conditions et qu'on supprime les obstacles psychologiques (envoyer les jeunes dessaisis en centres fermés plutôt qu'en prison), il y a fort à parier que les statistiques vont exploser.
Au même moment, les négociateurs du gouvernement s'étripent sur le thème de la justice et, à la demande de Philippe Monfils (MR), envisagent de… réformer le dessaisissement.
D'après les rumeurs persistantes, il est question d'abaisser l'âge minimum à 14 ans (contre 16 maintenant) et de prévoir un dessaisissement automatique pour certains faits qualifiés de graves.
Que le Comité des droits de l'enfant ait condamné la version pourtant plus soft de cette mesure, ils n'en ont cure.
Il se trouve parmi les négociateurs des personnes qui ont une connaissance plus qu'approximative de la matière (proposant de créer une chambre spéciale pour les jeunes dessaisis… qui existe déjà depuis la dernière réforme).
De coup de butoir en coup de butoir, il ne restera bientôt rien de la spécificité de la justice des mineurs et on en reviendra à un système équivalent à celui des adultes, sans garanties particulières et en perdant de vue les obligations éducatives.

Au moment où nous écrivons ces lignes, nous ne savons pas encore si ce point figurera dans un accord gouvernemental. Il n'en reste pas moins que cette nouvelle salve sur les lambeaux de la loi de 65 est significative. La réaction vis-à-vis de la délinquance des mineurs reste un thème de propagande idéologique électoralement porteur. À défaut d'être capables d'enthousiasmer les foules avec un projet de société qui mise sur l'avenir de la jeunesse, il est tellement plus simple de nous resservir des vieilles recettes rances.