LE JOURNAL DU DROIT DES JEUNES

L'éditorial de Benoît Van Keirsbilck dans le JDJ N°303

L'évaluation du décret : beaucoup reste à faire

La journée d’étude organisée par le CIDE (Centre interdisciplinaire en droits de l’enfant) le 4 mars 2011 à Louvain-la-Neuve à l’occasion des 20 ans du décret relatif à l’aide à la jeunesse a montré que les débats sont encore bien présents autour des questions clés, fondement du décret, de la désinstitutionnalisation et de la déjudiciarisation.

Peu de personnes soutiennent ouvertement une rejudiciarisation fut-ce partielle de la matière mis à part Jacques Fierens pour qui la déjudiciarisation n’a pas donné des résultats pleinement satisfaisants et n'a fait que remplacer un juge en toge par un juge en civil sans que les intéressés bénéficient des mêmes garanties que celle que le monde judiciaire offre.

Cette thèse reste politiquement incorrecte, voire blasphématoire pour ceux qui ont presque sacralisé le décret, alors qu’elle devrait être prise très au sérieux.

L’articulation entre le social et le judiciaire mérite pourtant d’être évaluée et les difficultés mises à plat au-delà des enjeux de personnes et de petits pouvoirs.

Par contre, la désinstitutionnalisation n’est aujourd’hui plus un tabou; nombre de voix s’élèvent pour considérer qu’on a été trop loin dans les réformes et que plus d'enfants nécessiteraient un accompagnement hors du milieu familial.

Mais comme le rappelle Laurence Maufroid dans le Journal du Droit des Jeunes (mars 2011), s’il y a bien un domaine où des principes fondamentaux doivent trouver à s’appliquer, c’est celui-là.

Avec, en ligne de mire, la recherche d’un équilibre entre protection et ingérence (parfois nécessaire) dans la vie privée et familiale. Attention donc au retour de la police des familles, la propension reste grande de vouloir dire ce qui est bon pour autrui.

Cette journée a également montré à quel point le secteur est sur la défensive ayant régulièrement à se justifier face à des situations de mauvais traitement, parfois médiatisées à outrance. Chacune de ces situations doit amener les professionnels à s’interroger pour évaluer son action et tenter de déterminer si quelque chose aurait pu être fait autrement.

Un tel travail ne se fait pas sous la pression ou sur un plateau de télévision.

Entendons-nous, c’est le rôle de la presse de dénoncer des manquements graves, mais tout le monde y gagnerait si c’était fait avec plus de nuances et surtout pas dans une démarche où on cherche un coupable à tout prix.