LE JOURNAL DU DROIT DES JEUNES

L'éditorial de Caroline De Man et Benoît Van Keirsbilck dans le JDJ N°361

À contre-courant de la morosité ambiante

2016, une année de réformes frénétiques, notamment dans le secteur de la justice (avec les « pots-pourris I à IV ») avec pour conséquence un détricotage de l’accès et l’effectivité des droits.

2016, une année de réformes frénétiques, notamment dans le secteur de la justice (avec les « pots-pourris I à IV ») avec pour conséquence un détricotage de l’accès et l’effectivité des droits.

À titre d’exemple, prenons la dernière réforme de l’aide juridique. Une nième manifestation de cette tendance à affaiblir la protection de ceux qui ont précisément des difficultés à faire valoir leurs droits, en raison de la précarité de leurs moyens de subsistance et de la distance qui se creuse encore entre eux et les institutions de plus en plus inaccessibles pour ceux à qui elles sont pourtant destinées !

Pour les jeunes générations, les protections sociales et juridiques peuvent sembler élémentaires et relever de l’évidence. Il est bien loin le combat des anciens qui se sont battus, ont parfois payé de leur vie, ces acquis aujourd’hui sans doute banalisés mais certainement aussi en régression constante.

Heureusement, de nombreuses initiatives émergent qui inventent de nouvelles formes d’organisation (1) traduisant concrètement des positionnements citoyens et associatifs à contre courant de ce que donnent à voir les politiques publiques (sociales, pénales, culturelles, …). Elles surviennent également en réaction à l’iniquité, la défiance voire parfois la haine que le climat politique actuel crée et renforce entre les citoyens.

Ces mouvements, plus ou moins visibles dans l’espace public mais non moins porteurs de solidarité, sont sources d’inspiration à plus d’un titre. Ils questionnent, voire remettent en question des processus, réglementations ou lois parfois au sein même des institutions qui les emploient. Tel est le cas du Comité de vigilance du travail social qui n’accepte pas les dérives imposées par le politique et la transformation de leur beau métier en indic d’un système broyant la solidarité, foulant aux pieds les droits fondamentaux et des libertés individuelles.

En 2017, à l’entame sa 37è année, c’est dans cette perspective que le Journal du Droit des Jeunes entend poursuivre son travail d’information, en mettant aussi en lumière ces graines d’espoir, ces nouvelles formes de résistance, ces mouvements porteurs de sens, qui réinventent la vie en collectivité. Pour ne pas sombrer dans le pessimisme ou pire le poujadisme. Egalement, en se faisant le relai des citoyens de toutes conditions qui tentent, là où ils sont, d’être attentifs aux effets pervers des politiques publiques, en contribuant à l’effort d’interpellation des femmes et hommes politiques et, enfin, en renforçant l’espace dédié à la parole des jeune à travers nos pages.

Bonne année, tant qu’il en est encore temps !


(1) «Travail social et militantisme», BIS, CBCS, n°174, décembre 2016