"Ici et ailleurs" du JDJ N°320

Les MENA ne sont pas des personnes ?

Les mineurs étrangers non accompagnés ne sont pas des personnes, selon l’éminent Auditeur du travail de Bruxelles (qui est certainement arrivé à cette conclusion après une étude extrêmement fouillée de leur patrimoine génétique). C’est la réponse étrange, pour ne pas dire inquiétante, qu’il a faite à l’association Défense des enfants-International qui avait déposé plainte pour motif, pourtant régulièrement confirmé par le tribunal du travail lui-même, que ces enfants subissent en Belgique un traitement inhumain et dégradant chaque fois qu’ils se voient refuser un accueil dans un centre adapté à leur situation.

Animaux ou extra-terrestres ?

Par la même occasion, il annonce qu’il a fait appel d’une décision du tribunal du travail qui pose une question préjudicielle à la Cour constitutionnelle alors même que la loi interdit explicitement un appel sur ce point (la décision étant provisoire, le tribunal doit attendre la réponse avant de poursuivre l’examen de l’affaire) et surtout que le jugement suit l’avis écrit rendu par son propre office dans cette affaire.

L’Auditeur a dû confondre avec les MENA…piens, dont on ne sait déterminer s’ils appartiennent à l’espèce humaine ou animale. À notre humble avis, il serait temps de faire le MENA… ge à la tête de l’auditorat; plus rien n’indique qu’il est dirigé par un juriste humaniste (mais où va-t-on chercher que ça devrait être le cas ?).

Et on appelle ça…

Les jeunes Californiens qui ont commis des délits avant l’âge de 18 ans ne pourront plus être condamnés à la prison à vie. Ils pourront demander leur libération conditionnelle après… 25 ans de détention ! Vite content, Human Rights Watch se félicite de cette évolution dans un pays qui enferme notablement plus que la moyenne de tous les autres (et la Californie a plus de 10% de tous les jeunes détenus à vie aux États-Unis). Cette loi fait notamment suite à plusieurs arrêts de la Cour Suprême des EU qui ont considéré que les mineurs ne peuvent pas faire partie des pire criminels parce qu’ils sont plus capables de changement que les adultes.

… le progrès

Remarquablement, des membres des familles des victimes ont fait partie de ceux qui réclamaient ce changement. Des rapports de HRW dénoncent depuis des années la loi californienne la plus injuste du pays ; l’ONG estime que 45% des détenus à vie pour des meurtres n’en sont pas les auteurs (mais, par exemple, ont fait le guet).

Dans 70% des cas, le jeune n’a pas agi seul, et la plupart du temps le complice est un adulte qui a été puni moins sévèrement que le jeune. Dans 59%, il s’agissait de primodélinquants.

Le DAS nouveau…

Ben non, ce n’est pas une nouvelle AOC, mais une nouvelle mouture du dispositif d’accrochage scolaire et de prévention de la violence (toujours les amalgames).

Le 13 septembre 2012, le Gouvernement de la FWB a approuvé une note d’orientation relative à la mise en place d’un «dispositif intersectoriel de politiques conjointes en faveur de l’accrochage scolaire, de la prévention de a violence, et d’éducation à l’orientation». Si les causes du décrochage scolaire sont bien ( ?) identifiées (l’échec, l’exclusion, l’abandon précoce), pour ce qui est des solutions, on pédale dans la choucroute.

… est arrivé

La note envisage un décret pour mieux articuler les politiques des secteurs de l’Aide à la jeunesse et de l’Enseignement, puis progressivement d’autres secteurs (jeunesse, santé, accueil, temps libre…) et les pouvoirs régionaux et de créer ce nouveau machin. But : «assurer un mieux-être des jeunes à l’école et hors école, favoriser l’accrochage scolaire et ainsi de tendre vers une réussite pour tous, faciliter le travail des acteurs de terrain en ouvrant des lieux d’échanges, et de coconstruction d’actions au sein desquels il conviendra de bien spécifier le rôle de chacun, afin de mieux articuler les interventions et développer davantage les partenariats entre les différents services de l’enseignement et de l’aide à la jeunesse». Bla, bla, bla, bla.

Irlande: oui aux droits de l’enfant

Les Irlandais ont répondu «oui» à un référendum sur le renforcement des droits constitutionnels des enfants, dans un pays marqué par des scandales de maltraitance en famille ou dans des institutions religieuses. L’État pourra plus facilement intervenir pour protéger les mineurs maltraités et les faire adopter. Ce résultat risque de dé- boucher sur une quantité de modifications légales. Reste à voir ce qu’on en fera; on sait que les meilleures intentions du monde peuvent déboucher sur les pires résultats, surtout si on invoque l’intérêt (bien entendu supérieur) de l’enfant.

Conseil de classe au Conseil d’État

Après cinq arrêts suspendant la décision, le Conseil d’État a décidé d’imposer au collège Sint-Jan-Berchmans de Genk de modifier la note finale d’une élève atteinte de dyslexie sous peine d’une astreinte de 1.250 € par jour. Le pourcentage reçu lui empêche d’accéder à la sixième secondaire. Cette décision relance le débat pour la mise en place d’une évaluation finale centralisée et généralisée à tous les élèves en Flandre afin, notamment, d’apporter davantage d’objectivité et de faire baisser le nombre de procédures judiciaires. Une association d’écoliers flamands, la Vlaamse Scholierenkoepel (VSK), a quant à elle demandé au ministre flamand de l’Enseignement Pascal Smet (sp.a) de mettre en place une procédure d’appel de la décision finale en dehors des établissements scolaires, estimant qu’un «recours devant le Conseil d’État n’est pas une option envisageable pour tout le monde».

GDL : Un nouvel ombudsman

La ministre luxembourgeoise de la Famille et de l’Intégration, Madame Marie-Josée Jacobs a présenté le nouveau président et les membres de l’Ombudscomité pour les droits de l’enfant du Luxembourg. Le Président est M. René Schlechter. Il a été nommé suite à une procédure que d’aucuns qualifient de purement politique, qui n’est pas sans rappeler les pires heures de l’ère Big Moustache en Communauté française.

À la prison de Berkendael…

Une mère avec son enfant (de moins d’un an) a été placée pendant 4 mois dans l’aile des internés. Justification : elle a refusé de laisser la cellule prévue pour mère avec enfants pour une autre mère avec enfant nouvellement incarcérée ! Autre <em>justification</em>; la surpopulation.

… les enfants sont bienvenus

Une autre mère avec enfant de moins de 2 ans a d’abord été mise au cachot et son bébé confié à d’autres détenues. Réponse de la ministre : cette détenue s’est bagarrée avec une autre étenue; le règlement doit être appliqué et donc au cachot. L’enfant aurait été bien traité par les détenues (encore heureux !). Ensuite, cette même mère est placée dans une cellule pour détenue sans enfant d’une surface de 9 m².


Les bésicles de Jiji

Space Cowboys, le retour définitif

Voici les vieux astronautes de Clint Eastwood finalement à l’hospice, si l’on en croit un arrêté du gouvernement flamand daté du 21 septembre 2012 et publié au Moniteur du 26 octobre (2ème éd.) : «relatif aux projets pilotes sur les nouveaux concepts spatiaux dans le domaine des soins résidentiels».

On va vous cultiver

Le Soir des 17-18 novembre a publié une pleine page sur les 90 ans de la BBC, avec un calendrier des faits saillants. «30 octobre 1938 : diffusion de ‘La guerre des mondes’ par H.G. Wells, qui provoqua des scènes de panique».

Certes, Herbert George Wells avait écrit le roman, mais c’est Orson Welles qui en fit une émission de radio, diffusée sur CBS, et donc les scènes de panique eurent lieu aux États-Unis.

Tous délinquants !

Selon Jette-Info (magazine communal) de novembre 2012, «Parmi les 19 communes bruxelloises, Jette occupe une jolie 14ème place en ce qui concerne les actes de criminalité. Avec une moyenne de 10 actes par habitant, elle laisse le trio de tête (…) loin devant elle.» Du moment que le bourgmestre (Doyen, CDH) est content, les habitants s’arrangent entre modestes voyous.

Le plan Marshall 2 points de suspension

Face à l’interruption du Thalys sur la dorsale wallonne, le ministre (Ecolo) Ph. Henry avoue enfin (Le Soir, 14 novembre) où gît le mal : «À la Région wallonne, on ne sait pas faire grand-chose si ce n’est [la] regretter fortement». Beaucoup l’avaient remarqué, mais saluons ce courage politique.

Ça tombe dru

  • Dans Le Soir (31 octobre – 1er novembre) : «Une diatribe contre la colonisation française aux mots forts lourds». Moins que les bottes de la Légion étrangère.
  • L’intitulé d’un article dans le Journal des tribunaux (10 novembre) : «Les pouvoirs des receveurs fiscaux élargis». Après des excès de table ? À la fin d’une détention ?
  • Au cours de l’émission Partout ailleurs de France-Inter (2 novembre, 19 h. 30), sur les sondages pré-électoraux en Amérique : « Obama a repris des couleurs ». Spectaculaire.
  • Au Journal parlé de la RTBF (4 novembre, 23 h.) : «Le passeur de drogue est reparti libre comme l’air». De Bruxelles-National.
  • La campagne d’affiches au sujet des risques «Seveso» : «Entrez à l’intérieur, où que vous soyez». Et, l’alerte passée, vous pourrez «sortir à l’extérieur».
  • Selon Le Soir (10-11 novembre), J.C. Van Cauwenberghe s’inquiète de l’accueil que fera la critique à son exposition de peinture : «Fallait-il que j’en rajoute une couche ?». Surtout pas, ça semble déjà assez criard.
  • Ibidem (13 novembre), sur l’architecture contemporaine à Bruxelles : «Il fallait être inventif pour aménager des ateliers d’artistes lumineux». Contentez-vous d’obscurs rapins.
  • Ibidem (17-18 novembre), au sujet de la guerre serbo-croate en 1995 : «Nonante à 220.000 civils avaient fui la région». Les sources divergent largement.
  • Ibidem (22 novembre) : «Johnny Depp est allé chercher ses deux enfants, conçus avec Vanessa Paradis, à l’école». Pas devant les autres gosses, quand même ?