"Ici et ailleurs" du JDJ N°395

Danger …

Thomas Renard Chercheur à l’Institut Egmont, expert reconnu en terrorisme et radicalisation, est intervenu lors de la Conférence de presse organisée par Bernard De Vos, le Délégué général aux droits de l’enfant, sur la question du rapatriement des enfants et des combattants belges en Syrie en affirmant que c’est non seulement possible (contrairement à ce que se plaît à affirmer le Gouvernement), mais que ces enfants sont avant tout des victimes.

…pour leur santé…

Leur non-rapatriement fait peser un risque humanitaire considérable; leur santé et état psychologique se dégradent inexorablement.

Par ailleurs, nous sommes potentiellement en train de créer un risque sécuritaire à plus long terme, si on les laisse grandir dans des enclaves djihadistes. Si ces enfants étaient rapatriés, on pourrait veiller à leur resocialisation, à ce qu’ils ne soient plus eux-mêmes des victimes du terrorisme.

… et notre sécurité

Et sur la question encore plus délicate des familles, il rappelle que c’est la seule solution pour que justice soit rendue. El il termine en disant : «Au final, le rapatriement des enfants avec leurs parents est sans doute la solution préférable, à la fois pour ces enfants, mais aussi pour la sécurité de notre pays.» En Belgique, les arguments fondés sur les droits fondamentaux ne sont pas pris au sérieux; peut-être que les arguments fondés sur la sécurité le seront un peu plus ?

Ligne Info’Prison née …

L’Observatoire International des Prisons, la Ligue des droits humains, le Genepi Belgique et le Collectif de Luttes Anti-Carcérales (La CLAC) lancent une Ligne Info’Prison à destination de celles et ceux qui ont un contact avec la réalité carcérale, pour récolter des informations et faire connaître cette réalité. Ces associations soulignent une nécessité urgente de s’allier face à la détresse actuelle des détenu·e·s et de leurs proches et dénoncent un manque de transparence politique en la matière. Des permanences téléphoniques sont organisées les mercredis et samedis (0498 51 51 91 ou via Whatsapp ou e-mail ligneinfoprison@bawet.org ).

L’anonymat sera préservé.

… dans un contexte particulier

Durant le confinement, les conditions de détention en Belgique se sont détériorées et les détenus ont été livrés à eux-mêmes, dans des conditions encore plus dures que la normale, avec peu de réponses des autorités.

Les visites ont été supprimées, puis rétablies, mais de manière très limitée.

Le harcèlement sexiste virtuel, c’est RÉEL !

La Fédération des Centres de Planning familial des FPS (FCPF-FPS) a lancé une campagne grand public d’information et de sensibilisation mettant en lumière le phénomène de harcèlement sexiste en ligne. Il s’agit d’une problématique sociétale qui peut toucher toutes les femmes, peu importe le milieu social, économique et culturel.

Elle a édité 6 planches BD reprenant un témoignage et des explications diffusées sur son site WEB, et les réseaux sociaux

Quand un avatar aide les enfants

L’initiative est originale : à la demande de l’association «L’enfant bleu», Fortnite, le célèbre jeu en ligne, a intégré un avatar ailé et tout vêtu de bleu dans son jeu, à travers qui les enfants ou adolescents, maltraités ou en souffrance, ont pu discrètement se confier à de «vrais» adultes pendant le confinement.

L’expérience vise à permettre à l’enfant de se confier de manière discrète à travers un moyen qu’il utilise régulièrement. L’originalité réside bien dans l’utilisation du media jeux en ligne pour entrer en contact avec l’enfant, qui semble faciliter la prise de parole des enfants maltraités.

Ils ont pu être écoutés et si nécessaire réorientés.

Restera à inscrire l’initiative dans la durée.

Bébé papiers

La Cour constitutionnelle s’est prononcée dans l’affaire qui concerne «les reconnaissances frauduleuses» de bébés en vue d’obtenir un titre de séjour (arrêt 2020-058).

Une décision qui ressemble à un compromis parfois un peu nébuleux : le législateur aurait dû prévoir un recours spécifique à l’encontre de la décision de refus de reconnaissance par l’Officier de l’état civil (OEC) et l’intérêt de l’enfant doit être pris en compte dans toutes les décisions qui le concernent.

Ce n’est que lorsque la fraude est constatée que l’OEC peut s’en dispenser, étant entendu que cet intérêt devra ensuite pouvoir être analysé par un juge dans le cadre d’un recours effectif, et doit également être analysé par le Parquet dans le cadre de son enquête préalable.

Voyez pour une analyse plus détaillée : www.altea.be/.


Les bésicles de Jiji

Ce n’était pas sans besoin

Au Moniteur du 9 mars, un arrêté ministériel de la Communauté française, daté du 20 février 2020, autorise l’organisation de demi-jours supplémentaires de formation obligatoire pour le personnel de l’enseignement fondamental : « Les établissements scolaires, divisées [c’est moi] en cohortes, qui n’entrent pas [souligné dans le texte] dans le cadre de l’arrêté du Gouvernement de la Communauté française, du 12 décembre 2018 déterminant la deuxième cohorte [aussi] des établissements scolaires devant établir un plan de pilotage en vue de la conclusion d’un contrats d’objectifs, et qui introduisent une demande de dérogation pour deux demi-jours supplémentaires de formation obligatoire [je saute trois lignes] sont autorisés à organiser deux demi-jours supplémentaires de formation obligatoire (…) ». Celle-ci ne portera pas sur La guerre des Gaules (revoyez l’organisation de l’armée romaine), mais sur l’arithmétique et, espérons-le, sur la grammaire (pour la syntaxe, c’est fichu).

L’ambassadeur de Bordurie à la cour de Syldavie

Ibidem (13 mars), une information diplomatique essentielle : « 26 septembre 2019 – Arrêté du Collège de la Commission communautaire française portant désignation du commissaire représentant la Ministre-Présidente, membre du Collège, ayant le Budget dans ses attributions, au Comité de gestion de l’Institut Bruxellois Francophone pour la Formation Professionnelle ». Outre qu’en français, l’adjectif ne prend de majuscule qu’exceptionnellement (quand il vient en tête, ou est le mot essentiel), on félicite Son Excellence la ministre-présidente (B. Trachte, Ecolo) qui désigne une femme (Aurélie M.) comme « le commissaire ».

Oui, sans doute ?

Dans le même organe (20 mars), D. Ducarme (MR), ministre fédéral des Indépendants et des P.M.E., signe un arrêté du 9 mars 2020 qui refuse à la commune d’Étalle la reconnaissance comme centre touristique, « vu l’avis conforme défavorable de la Région wallonne ». Il s’agit des possibilités de déroger à la loi du 10 novembre 2006 qui limite les heures d’ouverture et impose le repos hebdomadaire dans le commerce, l’artisanat et les services ; selon l’article 6, §6bis de la loi spéciale du 8 août 1980, « la reconnaissance d’une localité comme centre touristique requiert l’avis conforme de la Région concernée ». En droit français, un « avis conforme » signifie qu’il est « contraignant » pour l’autorité qui l’a demandé, mais on découvre qu’en Belgique, l’expression a deux sens : comme en France ; mais aussi « favorable, ou « concordant » ; et parfois les deux en même temps. Ainsi en l’espèce, où la formulation de l’arrêté laisse entendre une cacophonie au gouvernement wallon.

Ça tombe dru

  • Dans Le Soir (27 février), le nouvel évêque de Gand, trappiste d’Orval qui veut rester « Pater Lode », càd. « le père Lode » en français : « Ma vision sera basée d’abord sur l’écoute ». À suivre aveuglément.

  • Encore (28 février), au sujet de la réforme de la fiscalité automobile annoncée par le gouvernement wallon : « Le ministre du Budget, J.-L. Crucke (MR) a appuyé sur le frein ». Soucieux de l’empreinte carbone.

  • Aussi (6 mars), un témoignage au procès des époux Fillon à Paris : « Jamais ô grand jamais il ne s’agissait d’une contrepartie ». N’exagérons rien, il ne s’agit pas de la cour d’assises mais du tribunal correctionnel ; « ô petit jamais » aurait suffi.

  • Itou (11 mars), J.-M. Nollet sur son parti qui remonte à l’assaut de la Cour constitutionnelle : « Zakia Khattabi a dû déposer sa candidature, y compris à l’interne d’Ecolo ». Ils ont un apprenti médecin qui l’a examinée ? « En interne » et, pire, « à l’interne » sèment une confusion hideuse là où « à l’intérieur » convenait parfaitement.

  • De plus (18 mars), entre autres informations sur le confinement : « Refuges pour animaux saturés ». Indigestion générale de pâtée et croquettes ?

  • En outre (19 mars), le président du Conseil européen et la crise de la pandémie : « Les questions numériques et climatiques restent extrêmement essentielles ». Tu parles, Charles.

  • Et même (20 mars), le débat à la Chambre sur la confiance au mini-gouvernement Wilmès : « Au nom de Défi, F. De Smet a eu des accents philosophiques ». Il en a d’autres ?

  • Enfin (27 mars), « Hôpitaux : les blouses jaunes [pour les soignants des infectés] commencent à manquer ». Par contre, les gilets ne servent plus guère.

  • SOSoir (7 mars) interroge « l’une des plus influentes blogueuses belges » en matière de mode, Claire Marnette : « J’ai une vie particulière : aucun jour, aucune semaine ne se ressemble ». Rupture de l’espace-temps, sans doute.

  • Les conseils de la Communauté française pour la prévention de l’épidémie : « Évitez de vous toucher la bouche ou le nez avec la main ». Le pied, c’est sans risque.

  • Et au Flash de la RTBF Radio (26 mars, 10 h.), le parlement flamand accorde les pouvoirs spéciaux : « Les arrêtés royaux devront être confirmés par le gouvernement ». Fédéral, tant qu’ils sont dans ce bel élan néo-unitariste ?

  • Même medium d’information, Un jour dans l’histoire (23 mars, 14 h.) : « Beethoven voit sa surdité s’aggraver ». Effroyable, et le contraire du père Lode (ci-dessus).

  • Inflexible protecteur des animaux (voir encore J.D.J., n° 394, p. 47), le Conseil d’État, par son arrêt n° 247.082 du 20 février 2020, a pourtant rendu à sa propriétaire une chatte illégalement confisquée et placée dans un refuge. Sans se demander si l’avoir appelée « Muis » n’est pas une maltraitance.