LE JOURNAL DU DROIT DES JEUNES

L'éditorial de Benoît Van Keirsbilck dans le JDJ N°261

C'est quand qu'on va où ?

Des discussions sont en cours entre les fédérations représentant le secteur de l'aide à la jeunesse et le Cabinet de la Ministre en charge de cette matière.
Elles portent sur l'application en Communauté française de la réforme de la loi de 1965 et sur le plan pour l'aide à la jeunesse approuvé par le Gouvernement le 19 mai 2006.
Dans ce cadre, on entend souvent dire que la concertation est de pure façade, que les jeux sont faits. En d'autres termes, les décisions sont prises et la concertation ne servirait qu'à «faire passer la pilule» ou donner un semblant de vernis «négocié» à la décision.
En caricaturant, on peut dire qu'il existe différents modèles de ministres (en n'oubliant pas que le ministre n'est jamais seul et que bien souvent, c'est son cabinet qui «mène la danse») dont les extrêmes sont :
  • Le modèle «ventre mou» : les ministre dans lesquels tout le monde rentre comme dans du beurre. Chaque «lobbyiste» qui passe imprime sa marque; ce que l'un obtient, le suivant le défait. Chacun a l'impression d'avoir pu influencer de manière décisive les décisions mais le texte final n'est rien d'autre qu'un patchwork qui cherche à satisfaire tout le monde mais n'imprime pas de véritable politique. L'exemple type de ce modèle est Valmy Feaux et le décret fourre-tout relatif à l'aide à la jeunesse.
  • Le modèle «psycho rigide» : les Ministres qui s'accrochent à une idée et ne sont pas prêt à bouger d'un iota, contre vents et marrées, même si ça donne un texte inapplicable ou purement opportuniste. Exemple : Laurette Onkelinx et le «Décret Maltraitance» ou plus récemment le stage parental dans la réforme de la loi de 65.
Est-ce pour se défendre d'appartenir à la première catégorie que Fonck se donne des airs de la seconde (ou vice versa) ? On ne peut pourtant l'accuser de s'arc-bouter à ses idées si on pense à sa volte face lors de la création de dix nouvelles places en IPPJ. On peut même avoir l'impression qu'elle est à l'écoute du secteur; voyez le moratoire appliqué à la réforme de la prévention générale.
On ne peut reprocher à un Ministre d'avoir des idées et une vision de la politique à mener; par contre, organiser une concertation de façade est pure hypocrisie (surtout quand il se murmure que des négociations parallèles ont lieu). Ceci étant, personne ne met toutes ses cartes sur la table dans une négociation; pourquoi alors reprocher à la Ministre d'avoir «un agenda caché » (comme si les partenaires sociaux n'en avaient pas ! L'alliance «contre nature» entre les Fédérations d'employeurs et le banc syndical dans le secteur de l'aide à la jeunesse le démontre à suffisance).

Encore faut-il que «le secteur» ait une position claire et, si possible, parle d'une même voix (ce n'est même pas le cas au sein d'une même fédération). Or, les fédérations doivent aussi savoir quitter leur position attentiste pour affirmer clairement leur identité, ce qu'elles veulent ou pas et surtout qu'elle soient en mesure d'inscrire ces positions dans une politique globale d'aide à la jeunesse à visée socio-éducative. Être contre le changement, ça ne veut rien dire. Cette position participe à créer une ambiance détestable parce qu'on évite toute discussion qualitative et surtout on se refuse à questionner les pratiques au-delà des discours convenus.