LE JOURNAL DU DROIT DES JEUNES

L'éditorial de Benoît Van Keirsbilck dans le JDJ N°300

Le JDJ a 30 ans ! La pertinence de l'impertinence.

Une fois n’est pas coutume, ce numéro parle beaucoup de nous : le «Journal du droit des jeunes», le JDJ pour les intimes, en est à son 300ème numéro.

Cela fait donc trente ans qu’il est publié, mois après mois, sans discontinuer.

Et nous n’en sommes pas peu fiers.

On rappellera dans ces pages, comment il a vu le jour, au départ d’une simple revue de presse polycopiée, réalisée par Jean-Pierre Bartholomé, dans le cadre du Syndicat des éducateurs de la FGTB à Liège.

Petit à petit, il a pris de l’ampleur, s’est développé en revue professionnelle, indépendante, revue sérieuse qui ne se prend pas trop au sérieux (mélange de la rigueur style «Journal des Tribunaux» avec le ton du «Canard enchaîné» comme l’écrit Jean-Pierre Bartholomé).

Avec, bon an, mal an, un millier d’abonnés, émanant de nombreux secteurs, tels l’aide à la jeunesse bien sûr, mais aussi la justice, l’aide sociale, la santé, le monde universitaire et de l’enseignement… le JDJ détient un certain pouvoir d’influence, voire une certaine «capacité de nuisance», qui a trouvé sa place dans le paysage francophone.

Revue sans doute atypique s’adressant en priorité aux travailleurs sociaux, pour rendre le droit plus accessible à un public de non-initiés, mais qui n’est pas dédaignée par des juristes, profs d’univ, magistrats, conseillers de ministres (peut-être que ça les aide parfois à comprendre ?).

Le JDJ aborde des thèmes que la plupart des revues juridiques classiques dédaignent : le droit de la jeunesse, le droit de l’aide sociale, le droit scolaire (qui s’est sans doute fait un nom au travers du JDJ), le droit des jeunes étrangers… Ce ne sont pas des matières rentables, qui intéressent au premier chef les juristes «sérieux». Et d’ailleurs, est-ce vraiment du droit ? Il bénéficie néanmoins de contributions de grands noms, mais donne aussi la place à des jeunes (des bons travaux d’étudiants, des jeunes chercheurs…), des experts incontestables et des acteurs de terrain qui n’en sont pas moins experts de leur action.

Même si ce ton ne plaît pas à tout le monde (mais on n’est certainement pas là pour plaire !), on reconnaît sans doute au JDJ le droit de critiquer (surtout quand la critique s’adresse aux autres ?); et ceci, il faut le reconnaître : à part quelques grincheux qui ont tenté de le faire disparaître (en général, mal leur en a pris), la critique est admise dans notre pays. Nous savons que dans d’autres pays, une telle liberté d’expression nous aurait valu de sérieux ennuis; et ça, il ne faut pas l’oublier.

Donc, voilà, notre intention est de continuer à faire entendre notre voix, souvent votre voix, en gardant, à côté d’autres publications, notre spécificité et notre ton, parfois (le plus souvent possible) dérangeant.