LE JOURNAL DU DROIT DES JEUNES

L'éditorial de Florence Bourton et Benoit Van Keirsbilck dans le JDJ N°380

Plus chauds que le climat !

«Vous dites que vous aimez vos enfants par-dessus tout, et pourtant vous volez leur futur devant leurs yeux».

Greta Thunberg, jeune suédoise de 16 ans, n’a pas eu froid aux yeux en prononçant son discours lors de la COP24, en décembre dernier ou à Davos en janvier. La jeune fille s’est fait connaître en manifestant devant le parlement suédois sous le slogan «Grève de l’école pour le climat». Depuis lors, Greta inspire des milliers d’élèves dans d’autres pays… jusqu’en Belgique.

À Bruxelles, l’action «Youth for climate» a rassemblé plus de 12.500 élèves qui séchaient les cours afin de manifester dans les rues ce jeudi 17 janvier. Initié par deux élèves néerlandophones, Anuna et Kyra, le mouvement prend de l’ampleur et a été rejoint par des élèves francophones. Leur demande est claire et s’adresse au politique : ils exigent un plan climatique contraignant avec l’ambition de limiter le réchauffement climatique sous 1,5 degré.

Interpellée à ce propos au Parlement, Marie-Christine Marghem, ministre fédérale de l’Énergie, de l’Environnement et du Développement durable, feignant de ne pas comprendre qu’elle est en grande partie la cible des manifestants, y apporte une réponse des plus étonnantes : elle se défend en rappelant qu’elle a désigné des coaches climat dans certaines écoles et créé un site internet « My2050» permettant à chacun de voir les efforts individuels qu’il peut faire pour réduire sa consommation et ses gaz à effet de serre à l’horizon 2050…

Un site internet, le problème est donc résolu !

Pas sûr que l’argument convainque les milliers de jeunes qui s’inquiètent de plus en plus pour leur avenir et celui de la planète.

Pour nombre d’entre eux, il s’agissait de leur toute première manifestation. Personne n’attendait un tel engouement chez ces jeunes qu’on dénigre trop facilement. Ils ont pourtant bravé la pluie et le risque de « zéros pointés » et d’heures de colle pour lancer un appel aux adultes, de façon non-violente et pacifique. Ces citoyens impliqués s’intéressent au monde qui les entourent, comprennent fort bien les enjeux et expriment des positions fortes, au-delà des petits jeux politiques, que bien des adultes n’osent pas défendre. Les jeunes s’expriment, il nous revient de les écouter ! Le mouvement est lancé, gageons que rien ne l’arrêtera.

Aux adultes qui disent que brosser les cours n’est pas la bonne méthode et qu’ils devraient manifester en dehors des heures d’écoles, ils rétorquent qu’ils n’iront pas en cours tant que des mesures ambitieuses ne seront pas prises. Cette grève est aussi un acte de rébellion : « Pourquoi aller en cours si on n’a pas d’avenir ? » répondent-ils. Ils ont compris la force de la désobéissance civile.

La Belgique n’a certes pas brillé pour son engagement climatique en 2018. Espérons qu’elle sera plus à la hauteur en 2019. En attendant, à jeudi prochain !