LE JOURNAL DU DROIT DES JEUNES

L'éditorial de Benoit Van Keirsbilck dans le JDJ N°398

L’éducation, plus que jamais

Que dire de plus sur l’horrible assassinat de Samuel Paty en France, dans le contexte de violence et d’extrémisme que l’on connaît ?

Que dire qui n’ait déjà été rappelé tellement de fois ? L’importance de la liberté d’expression, mais aussi d’expliquer et réexpliquer en quoi elle constitue une valeur fondamentale de notre société. Dire et redire le rôle de l’éducation pour ouvrir les esprits et lutter contre l’obscurantisme.

Quels mots ajouter à la sidération face à de tels actes de barbarie, l’incompréhension face au parcours de l’auteur, à peine 18 ans, fanatisé au point de commettre l’irréparable ?

On ne dira jamais assez la peine et la douleur ressentie par la famille, l’entourage, les amis, les collègues et la majorité de la société qui sont horrifiés par ce qui est arrivé. Cet acte inqualifiable va laisser des traces indélébiles sur nombre de personnes parmi lesquelles les élèves actuels de cet enseignant.

Plus que jamais, rappelons que l’éducation doit viser à favoriser l’épanouissement de la personnalité de l’enfant, inculquer à l’enfant le respect des droits humains et des libertés fondamentales, inculquer à l’enfant le respect de ses parents, de son identité, de sa langue et de ses valeurs culturelles, ainsi que le respect des valeurs nationales du pays dans lequel il vit, du pays duquel il peut être originaire et des civilisations différentes de la sienne, préparer l’enfant à assumer les responsabilités de la vie dans une société libre, dans un esprit de compréhension, de paix, de tolérance, d’égalité entre les sexes et d’amitié entre tous les peuples et groupes ethniques, nationaux et religieux, et avec les personnes d’origine autochtone (…). (art. 29 de la Convention internationale des droits de l’enfant, qui a inspiré le Décret sur les Missions de l’enseignement en FWB).

À n’en pas douter, Samuel Paty était de ceux qui donnaient ses lettres de noblesse à cette conception de l’éducation.

Notre société doit garder le cap et ne pas reculer sur ses valeurs. Mais elle doit aussi continuer à essayer de comprendre (rappelons que comprendre n’est pas excuser) ces parcours individuels pour identifier ce qui, sur le plan personnel, mais aussi sociétal, participe à l’émergence, parfois à la création, d’assassins en puissance.

Le terreau de la radicalisation violente, c’est aussi l’injustice, la ségrégation, l’exclusion sociale, le manque de reconnaissance, l’inégalité des chances, la xénophobie, la prolifération des discours de haine, le dévoiement des religions et le champ libre laissé aux prêcheurs mortifères qui se nourrissent du ressentiment d’une partie de la jeunesse.

Plus que jamais, l’urgence réside dans l’accès à une éducation ouverte, inclusive et de qualité pour tous, dans le dialogue, le respect et la lutte contre les inégalités et les exclusions. Sans quoi les beaux principes seront démentis par une réalité crue, cruelle et discriminante.

Benoit Van Keirsbilck