LE JOURNAL DU DROIT DES JEUNES

L'éditorial de Benoit Van Keirsbilck dans le JDJ N°428

Les bêtes immondes

L’extrême droite autoritaire, antisémite, raciste, xénophobe, charriant avec elle la haine et le rejet, est largement de retour en Europe et dans le monde.

Les élections récentes en Italie, aux Pays-Bas ou en Argentine, pour ne citer que ces États, montrent qu’elle est aux portes du pouvoir, si ce n’est pas au sein du pouvoir lui-même, avec un projet social à peine caché : détruire la démocratie, qui paradoxalement leur a permis d’arriver là où ils sont.

Leur approche favorite : brandir un ennemi intérieur (ou extérieur), généralement appartenant à des minorités, qui vont être désignées comme la source de tous les maux.

Là où elle n’est pas encore au pouvoir, elle parvient à dicter l’agenda politique et influencer la plupart des autres partis qui estiment devoir courir derrière les thèmes qu’elle impose et ce faisant, lui font son lit encore plus sûrement.

S’il y a bien une chose que les fachos de tout poil, même en costard-cravate détestent, ce sont les contre-pouvoirs (syndicats, société civile, journalistes) et les défenseurs des droits humains qui clairement sont parmi les derniers à résister à cet appel de ces sinistres sirènes.

Une fois au pouvoir, elle s’y accroche, change les règles du jeu et s’adjoint la force publique pour y rester plus longtemps encore en écrasant toute contestation ou velléité de résister. Très peu de pays peuvent se prétendre à l’abri de cette dérive nauséabonde.

Il faut donc plus que jamais se mobiliser, démonter le discours de haine en faisant preuve du maximum de pédagogie et résister face à l’effritement progressif de notre socle démocratique commun.

Heureusement, quelques exemples montrent que la résistance paye ou que les institutions démocratiques sont suffisamment solides pour que toutes les digues ne cèdent pas, même si le passage de la droite extrême au pouvoir laisse souvent des traces indélébiles.

La résistance passe par l’éducation permanente/populaire, l’analyse critique des discours politiques et la critique sans concessions des fake news dont la bête immonde continue à nous abreuver.

La tâche est rude, mais le combat légitime et plus que jamais fondamental.

Benoit Van Keirsbilck