"Ici et ailleurs" du JDJ N°329

Nominations

Sont nommés membres de la Commission de déontologie de l’aide à la jeunesse: a) avec voix délibérative : M. Lucien Nouwynck; Mme Alice Jaspart; M. Thierry Moreau; M. Dominique De Fraene; M. Yves Cartuyvels; M. Guy Vancraeynest; Mme Anne-Marie Renard; M. Marc-Antoine Rion; Mme Francoise Leroux; M. Didier Hozay; b) avec voix consultative : M. Michel Noël; M. Jean-Pierre Blairon. Thierry Moreau est nommé président. (AGCF du 30/09/2013)

SAC, sauce espagnole

Dès 2014, la municipalité de Madrid aux mains du Parti populaire commencera à distribuer des amendes allant de (jusqu’à ?) 750 € pour des infractions telles que : solliciter des services sexuels sur la voie publique, mendier aux portes des supermarchés ou dans la rue, jeter ses mégots de cigarette sur le sol, passer la nuit sur un banc public, laver les pare-brise des voitures à l’arrêt en échange d’une pièce de monnaie, lire le tarot aux passants, faire des acrobaties ou démonstrations aux feux rouges, du skateboard ou du patin à roulettes (et par extension, rouler un patin ?) en dehors des espaces créés à cet effet ou employer des enfants pour mendier.

C’est évidemment plus facile que lutter contre la pauvreté.

On rabote le travail

L’Inter-Fédérations de l’Aide à la Jeunesse dénonce. Pour la troisième fois cette année, le Cabinet de la Ministre de l’Aide à la Jeunesse, Evelyne Huytebroeck a annoncé au secteur une diminution de l’indexation des frais de fonctionnement des services. Et lui propose, pour compenser, de... travailler à 90% de leur capacité agréée. L’Inter-fédération refuse ces mesures d’économie effectuées «sur le dos des jeunes» et estime que les services ne sont plus en mesure d’assumer pleinement leurs missions.

Quand business is ...

Aux Etat-Unis, un accord a été trouvé dans le scandale mettant en cause deux juges de l’Etat de Pensylvanie qui ont accepté des pots-de-vin d’entreprises privées qui gèrent des centres de détention de mineurs en échange de l’envoi de jeunes dans leurs institutions. Entre 2003 et 2008, des milliers de jeunes ont été envoyés dans ces centres, la plupart du temps pour des faits mineurs. La Cour Suprême de l’Etat a rou- vert 6.500 dossiers gérés par ces juges, qui avaient abouti à une condamnation. Elle considère qu’elle ne peut pas accorder le moindre crédit à un seul de ces jugements, rendus en contradiction avec le droit à un procès équitable.

... business ! ...

Après que ces juges aient été condamnés respectivement à 28 et 17 ans de prison, une juridiction civile a entériné un accord avec les trois entreprises privées impliquées dans le scandale : elles payeront 2,5 millions d’euros de dédommagement. ( voir sur le site web de Jurist.org)

... et c’est juteux !

Elles s’en sortent finalement particulièrement bien, leurs gains étant largement supérieurs à ce montant. En effet, la Corrections Corporation of America (CCA), géant américain des prisons privées, a vu depuis vingt ans son chiffre d’affaires croître de plus de 500%. L’année dernière, la société a proposé à quarante-huit gouverneurs de racheter et de gérer leurs prisons publiques. Et ces contrats comprennent une «clause d’occupation» prévoyant que l’Etat maintienne à tout moment les prisons remplies à 90 %, indépendamment de la hausse ou de la baisse de la criminalité. Ces sociétés favorisent aussi l’adoption de lois qui prévoient des peines incompressibles. Ce n’est là qu’un exemple parmi d’autres de la manière dont les prisons privées continuent à s’enrichir, que la criminalité soit en hausse ou en baisse.

Quand le développement économique des uns ...

Il n’y a pas qu’aux Etats-Unis que la société s’enrichit au détriment des prisonniers : «Que l’on soit partisan ou non de la détention carcérale, là n’est pas la question : le Gouvernement fédéral a décidé de créer 1200 nouvelles places de détention dans les années à venir, et identifié pour ce faire plusieurs sites pour les accueillir. Cette réalité est une opportunité pour le bassin où s’implante une prison, a fortiori dans une région comme la Basse-Sambre, en pleine crise post-industrielle.»

C’est ainsi que se prononce Jean-Charles Luperto, Bourgmestre de Sambreville à l’occasion de l’inauguration de la nouvelle prison de Marche-en-Famenne. La fin (lutter contre le chômage) justifie les moyens (construire des prisons et donc enfermer plus de monde).

... se fait au détriment de la liberté des autres

Quand on sait que les chômeurs ont plus de risques de se retrouver en prison, on voit que l’objectif économique a encore plus de poids. Et le Bourgmestre d’ajouter, pour discréditer l’argument, que «je tenais à faire le point sur ce dossier, auquel d’aucun continuent à s’opposer pour des raisons qui manifestement ne sont pas de nature socio-économique...».

Il n’en demeure pas moins que ces raisons ont toute leur légitimité, ne lui en déplaise.

L’image et des représentations des enfants ...

A l’initiative de la ministre de la Jeunesse, Evelyne Huytebroeck, le Conseil supérieur de l’Audiovisuel vient de publier le premier «Baromètre jeunes», une étude de l’image et des représentations des enfants et des jeunes dans les médias télévisés de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

Elle dresse le portrait des jeunes de 3 à 30 ans tels qu’ils apparaissent dans les productions propres et coproductions des médias TV actifs en Fédération Wallonie-Bruxelles et cherche à comprendre «comment» la jeunesse est représentée à l’écran. Les résultats de l’étude montrent un déficit certain de représentation des jeunes à l’écran, que ce soit en termes d’identité sociale ou de participation (prise de parole, rôles médiatiques et sociaux). L’image globale renvoyée par les médias est celle d’une jeunesse sans parole, passive et désinvestie dans les programmes tous publics.

... et des jeunes dans les médias

Les jeunes sont passifs à l’écran : quand ils ne sont pas journalistes, plus de 3/4 des intervenants jeunes (82,33%) ne parlent pas; la durée du temps de parole des jeunes est également très faible et trois-quarts (76,13%) des jeunes occupent un rôle de simple figurant.

Si les jeunes sont souvent placés au centre du récit (on parle d’eux), ils sont rarement invités à s’exprimer directement. Plus d’infos : http://www.csa.be/documents/2137


Les bésicles de Jiji

Le Prix 2013 des Bésicles opaques

Très imprudemment, j’avais cru pouvoir l’attribuer à un arrêté royal dès le J.D.J. n° 322 de février; c’était sous-estimer la férocité et la qualité de la compétition. Le Prix doit sans conteste revenir à un entrefilet anonyme du Soir (27 septembre, fête de la Communauté française – et de la langue aussi), intitulé «Le trésor du Mont-Blanc».

Dégustez : «Un jeune alpiniste français a découvert [une petite fortune] de pierres précieuses sur un glacier du Mont-Blanc, provenant probablement du crash d’un avion indien vieux d’un demi-siècle». Ah, si on fait voler vers les Alpes un coucou de 50 ans, de surcroît chargé de glace… Ou bien un marchand de sorbets de Chamonix avait-il emprunté cette casserole pour trafiquer des gemmes ?

Skål !

Instructions pour les clients d’Ikea Anderlecht : «Ne rentrez pas dans le magasin avec des marchandises déjà payées. Vous pouvez […] les ranger dans votre voiture». Comme on le lisait dans L’os à moelle de feu Pierre Dac : «Pour rentrer chez vous, une seule adresse : la vôtre».

Punition pastorale ?

«Les prêtres privés de crématorium», titre Le Soir (5-6 octobre).

Comme les enfants méchants interdits de Facebook. On savait déjà ce que l’archevêque pense de ces lieux (voir «Au feu !», J.D.J., n° 325, p. 47) ; en tout cas, ce n’est pas là qu’il «a noyé le poisson» (ibid., 4 octobre, au sujet d’un de ses curés accusé d’abus pédophiles).

La gazette a interrogé le directeur du crématorium de Lochristi [je vous le jure] : «Nous avons chaque année 2800 cérémonies. 1600 d’entre elles, soit 40%, sont organisées en présence d’un diacre».

Une sorte de démultiplication des pains.

Secteur éphémère

On trouve sur le site du SPF (ministère fédéral, ignares) Emploi un communiqué daté du 9 juillet 2013 : «La fonction de conciliateur social dans le secteur public a été créée [à la suite du] protocole d’accord conclu au sein du Comité de négociation commun à l’ensemble des services publics concernant le renforcement du dialogue social et la gestion des conflits dans le secteur public du 19 avril 2010». Puisque l’affaire ne concernait déjà plus celui du lendemain, pourquoi l’annoncer trois ans plus tard ?

Ça tombe dru

  • Dans Le Soir (25 septembre), l’inusable F. Balace, historien émérite de la monarchie à l’Université de Liège : «La passation des pouvoirs [royaux] s’était très bien passée». Chic alors.
  • Ibidem (2 octobre) : «75% des Belges favorables à l’euthanasie des mineurs». Comme pour les sangliers et les bernaches.
  • Au Journal parlé de la RTBF Radio (27 septembre, 20h.), à propos d’une tentative de suicide par le feu : «On ignore encore quel élément a déclenché cet acte de désespoir». Un briquet ?
  • Le Journal des tribunaux (2013, p. 616) [à qui se fier ?] annonce un symposium, organisé par le barreau de cassation, qui «permettra de découvrir la période artistiquement très florissante que connut la capitale entre la fin du XIXème et le début du XXème siècle». Riche mais brève, donc.
  • Au Moniteur du 11 octobre, un arrêté ministériel du 1er octobre 2013 fixe la composition de la Commission des fermages de la Région de Bruxelles-Capitale (il s’agit de limitation des loyers des exploitations agricoles). Très représentative puisqu’un de ses membres est domicilié rue des Betteraves à Anderlecht.