"Ici et ailleurs" du JDJ N°399

Détention d’enfants en Grèce …

Dans un rapport du 19/11/2020 à la suite d’une visite ad hoc de réaction rapide en Grèce en mars 2020, le Comité anti-torture du Conseil de l’Europe (CPT) exhorte une fois de plus les autorités grecques à modifier leur approche de la détention de migrants et à veiller à ce que les migrants privés de liberté soient traités à la fois avec dignité et humanité.

Si le CPT reconnaît les défis de la Grèce et la nécessité d’une approche européenne, il considère que ça ne dispense pas les autorités grecques de leurs responsabilités.

Des familles avec enfants, des enfants non accompagnés et séparés et d’autres personnes vulnérables (souffrant d’une maladie physique ou mentale, ou des femmes enceintes) sont détenues dans des conditions aussi épouvantables, sans aucun soutien approprié. Ils devraient plutôt être transférés dans des structures d’accueil adaptées à leurs besoins spécifiques.

… CPT et UNHCR, même combat

Sur cette question de la détention des enfants et des familles pour raison migratoire, qu’on aimerait ne plus devoir aborder ici, le HCR recommande une fois de plus d’y mettre fin dans son mémorandum.

Il revient aussi sur la ratification de l’OPCAT (Protocole facultatif à la Convention des Nations unies contre la Torture et autres Peines ou Traitements cruels, inhumains ou dégradants) et la mise en place d’un mécanisme national de prévention qui couvre les lieux où des demandeurs d’asile sont privés de liberté.

Voilà une autre recommandation qui est formulée avec insistance, par de nombreuses instances nationales et internationales, depuis des années.

Pendant ce temps, en Belgique

En Belgique, le Conseil d’État s’est prononcé dans l’affaire des «unités familiales» du Centre 127bis : par un arrêt n° 248.424 du 1er octobre 2020; il a estimé illégales les possibilités pour le personnel d’accéder sans condition entre 6 et 22 heures au lieu d’hébergement de la famille, de limiter pour les enfants l’accès aux espaces extérieurs à deux heures par jour ainsi que de placer un mineur de plus de 16 ans en isolement.

Mais il rejette les griefs reprochant à l’arrêté royal attaqué de ne pas prévoir expressément que les maisons familiales soient à l’abri de toute pollution atmosphérique et sonore susceptible de nuire gravement.

Le Conseil d’État ranime les débats s’agissant de l’examen des autres moyens (notamment sur la Convention internationale des droits de l’enfants, la Charte sociale du Conseil de l’Europe et l’article 23 de la Constitution), ouvrant la voie à une discussion sur l’interdiction d’implanter des maisons familiales dans un environnement tel qu’un aéroport.

Une solidarité à 100 milliards

«Je vous côtoie tous les jours et, pourtant, vous ne me voyez jamais. Je suis ? Je suis ?»

La sécurité sociale.

Cette discrète solidarité organisée à 100 milliards reste une grande incomprise. La faute aux rouages de plus en plus complexes ? À voir.

Alter Échos a voulu matérialiser sa présence parmi nous en publiant un dossier, «La sécurité sociale, être aidé quand le sort est jeté» accompagné des témoignages des journalistes qui ont participé à sa rédaction, coordonné par Olivier Bailly et illustré par Johan Massez.

Alter Echos n°487 (octobre 2020). www.alterechos.be/la-securite-sociale-etre-aide-quand-le-sort-est-jete/

On mène les combats que l’on peut !

Débat quelque peu surréaliste au Parlement : une parlementaire s’émeut de ce que la loi sur les assurances prévoit encore que l’assureur ne garantit pas le décès s’il s’agit d’une exécution à la peine capitale. Celle-ci a bien sûr été abolie en Belgique, mais pas dans tous les pays. Elle dépose donc une proposition de loi pour modifier cela. Consensus général ? Eh bien non !

Une parlementaire NVA s’inquiète qu’une compagnie d’assurance soit amenée à accorder une indemnité à la famille d’un ressortissant belge parti se battre en Syrie et qui aurait été condamné à mort et exécuté en Irak. C’est vrai que c’est plus facile de maintenir une exclusion dans la loi sur les assurances que de combattre la peine de mort en Irak.

L'ULB est cash-e face …

Une cellule spécialisée, indépendante des autorités, destinée à mieux lutter contre les situations de harcèlement envers les étudiant∙e∙s voit le jour à l’ULB : Cash-e (Centre d’accompagnement et de soutien dans les risques de harcèlement moral et sexuel envers les étudiant·e·s) suite au constat que les étudiant∙e∙s préfèrent souvent le silence à la prise de risque et que les dispositifs de signalement existants étaient peu efficaces et trop peu indépendants.

… au harcèlement d’étudiant·e·s

Ce nouveau lieu d’écoute, d’information et de prise en charge dans l’anonymat vient en aide aux étudiant·e·s de l’ULB qui se sentent victimes de harcèlement moral ou sexuel, d’intimidationssions psychologiques en leur offrant écoute et accompagnement.

Un questionnaire en ligne permet à l’étudiant·e victime de comportements inadéquats de la part d’un membre du personnel (académique, scientifique, administratif) ou d’un·e autre étudiant·e d’y déposer un signalement anonyme ou une déclaration confidentielle.

Reconnaissance frauduleuse d’enfant …

La Cour constitutionnelle a annulé partiellement une loi qui tendait à lutter contre les reconnaissances frauduleuses d’enfant (arrêt 58/2020 du 7 mai 2020). La loi permet déjà aux officiers d’état civil (OEC) de refuser de célébrer un mariage ou d’acter une déclaration de cohabitation légale si l’intention d’au moins une des parties vise «manifestement uniquement» l’obtention d’un avantage en matière de séjour.

… mise au point de la CC

La loi du 19 septembre 2017 permet en outre aux OEC de refuser l’établissement d’un acte de reconnaissance d’un enfant pour ce même motif sans pouvoir prendre en compte l’intérêt de l’enfant.

Décision qui ne peut faire l’objet d’un recours. Pour la Cour, toutes les institutions prenant des mesures vis-à-vis des enfants doivent prendre leur intérêt en compte de manière primordiale, notamment du fait qu’ils représentent la partie faible dans la relation familiale.

Mais, si elle estime admissible le contrôle préventif confié à l’OEC, elle censure l’absence de recours.

La balle est dans le camp du législateur pour l’organisation de ce dernier.

Voir l'article de Marie Toussaint sur www.justice-en-ligne.be

«Démêler pour s’en mêler»

Chouette initiative de l’ASBL La Cible qui a réalisé 3 dessins animés pour lutter contre les préjugés et l’extrême droite, lutte plus que jamais nécessaire qui ne se gagnera qu’ensemble. À découvrir sur : www.lacible.be.


Les bésicles de Jiji

Le pays le plus dangereux au monde

En 2020, la population de la planète atteint 7,8 milliards. Avec ses 11 millions, la Belgique en représente donc 1/700ème. Au mois d’août, le nombre total de morts du COVID-19 dépassait légèrement 800.000, et chez nous 10.000, soit 1/80ème. Voilà ce qui arrive avec un gouvernement fédéral qui représente 1/4 de la Chambre : le retour immédiat de l’arithmétique hollandaise.

Faux amis véloces

Dans Le Soir (3 juillet), une dépêche de l’AFP évoque le succès du scooter à New York et cite quelqu’un qui a acheté une Vespa. C’est exact, mais attention : en anglais, le terme, dérivé de « to scoot » (se déplacer rapidement) désigne aussi toutes sortes d’autres engins, à commencer par les trottinettes (sans ou avec moteur), ou encore les fauteuils roulants à 3 roues (mais pas à 4 : « wheelchairs », ni les triporteurs : « tricycles »).

La double mort de Jozef Chovanec

Les media, parlés inclus, commentent abondamment l’intervention très inventive de la police de l’aéroport de Charleroi qui semble avoir causé le décès d’un passager slovaque, et l’indifférence des autorités politiques envers l’événement. Toutefois, si l’on se souvient de l’hilarité nationale belge que suscitaient les journalistes sportifs français lors des débuts de Kim «Clystère», le moindre respect dû au défunt porte sur la prononciation de son nom, Chovanec. En slovaque, « ch » s’entend comme en néerlandais, « χ », « c » fait « ts » et l’accent tonique se met sur « va ».

Blessed be the man who spares these stones

Dans la même veine de grossièreté, le Moniteur du 28 août publie l’arrêté royal du 31 juillet 2020 « octroyant le titre de ‘Nécropole nationale’ à l’Enclos des Fusillés », proposé par le ministre francophone de la Défense, Ph. Goffin (MR) : « Considérant que, pendant la Première guerre mondial, 35 combattants de résistance ont été fusillés par les forces d’occupation sur l’ancien site de Tir National de Schaerbeek ». En néerlandais, c’est correct.

Ça tombe dru

  • La notice de Wikipédia consacrée au capitaine de vaisseau Aristide Dupetit-Thouars signale qu’à la bataille d’Aboukir (1798), il commanda son navire jusqu’à sa mort après avoir été « amputé du pied » et qu’à Saumur se dresse, à sa mémoire, « une statue en pied ».

  • Un gros titre du Soir (1er-2 août) : « Entre cathédrales fragiles et ruines romantiques, les lieux sacrés cherchent une nouvelle vocation ». Comme Sainte-Sophie à Istanbul ?

  • Itou (21 août), « Coup d’État au Mali : la crainte de la contagion ». Au lieu d’imputer le COVID-19 à un complot chinois, le First Tweeter aurait dû penser aux djihâdistes.

  • Justement (24 août), sur la convention qui devait le consacrer candidat à se succéder : « Ces Républicains aux abonnés absents ». Cela s’est fait dans une cabine téléphonique

  • Aussi (17 août), une page sur Maria Teresa Ablay, empoisonneuse belge jugée en 1895 : « La spirale des dettes s’amplifie. Elle sollicite sa famille (…) pour épuiser ce puits sans fonds ». Un gouffre à double fond ? C’est à elle que le fonds manquait le plus.

  • Une autre(20 août) consacrée aux Pieds Nickelés dynamiteurs de Liège en 1892 : « Il y eut aussi un attentat chez un certain Minette dont le souffle projeta les enfants contre le mur ». 10 mg d’alcool par mg de sang, encore heureux que lui-même n’ait pas explosé.

  • De plus (2 septembre), les Jeux olympiques d’Anvers, en 1920, « avaient d’abord été attribués à Budapest, finalement écartée parce que la Hongrie avait soutenu l’Allemagne pendant la guerre de 14-18 ». En attaquant la Serbie, l’Autriche-Hongrie avait déclenché le conflit, et ensuite l’Allemagne avait dû la secourir sans cesse.

  • Elle (éd. française, 31 juillet) se surclasse dans le mauvais goût. Un reportage sur Ibiza désertée par les touristes évoque un parking où jadis on filtrait les clients : « No pasarán ! ». Le mot d’ordre de la défense de Madrid contre les Franquistes pendant la guerre civile (un demi-million de morts), quel tact. Et une exclamation commence par «  » en espagnol.

  • Au Moniteur (4 août), un décret de la Communauté française daté du 17 juillet 2020 et « portant des mesures en vue de lutter contre la pénurie ». De sous ? De tests Corona ? De députés alphabétisés ? Mais non, d’enseignants, merci pour ce respect vibrant.

  • Ibidem (6 août), le règlement d’ordre intérieur « relatif aux sélections et aux examens linguistiques » établi par le SPF Stratégie et Appui : article 25, « Le candidat est accueilli avec professionnalisme ». Et « la candidate » avec « amateurisme » ? Il est vrai qu’on dirait une publicité d’Eros Center (merci à Mathieu D.).

  • Encore (31 août), une loi du 9 août 2020 qui résulte d’une proposition d’É. Tillieux e.a. (PS) visant « à permettre au pharmacien d’appliquer le tiers pays [à] la délivrance de la pilule du lendemain » aux femmes de moins de 25 ans. « Never never land », peut-être.

  • Au Journal de la RTBF Radio (8 août, 9 h.) : « Le bourgmestre de Knokke n’y va pas par quatre chemins : il dit aux vacanciers d’un jour de rester chez eux ». Dans L’os à moelle, Pierre Dac le conseillait déjà : « Pour rentrer chez vous, une seule adresse : la vôtre ».