LE JOURNAL DU DROIT DES JEUNES

L'éditorial de Benoît Van Keirsbilck dans le JDJ N°339

«Pas de nature à respecter les droits»

Alors que l’on «fête» les 25 ans de la Convention des droits de l’enfant, on serait en droit de penser que dans notre pays, le gros du travail a été réalisé et que ces droits sont globalement respectés.

D’autre part, certains services publics et administrations violent ostensiblement et systématiquement les droits des enfants les plus vulnérables.

La lecture du témoignage de Nadia Sennouni (p. 7 du JDJ N° 339) est, à cet égard, édifiante. Fedasil, l’administration chargée de l’accueil (on parle bien d’accueil !) des demandeurs d’asile et autres catégories d’étrangers, affirme qu’invoquer les droits de l’enfant «n’est pas de nature à modifier une décision» quand la description de la situation montre que la scolarité, l’équilibre familial, l’accès à des prestations adaptées au handicap des enfants sont bafoués. On hallucine !

Cette maltraitance institutionnelle débouche sur une réaction dramatique de la maman qui a failli s’immoler devant ses enfants.

Quelle violence faut-il infliger à une mère pour qu’elle en arrive à une telle extrémité ?

Oh bien sûr, personne, aucun fonctionnaire, n’a consciemment et volontairement posé des actes violents. Chacun a appliqué des règles administratives comme de bons petits soldats obéissant aux ordres des supérieurs hiérarchiques.

Même si «l’intérêt supérieur de l’enfant» est une notion complexe (comme l’explique Coraline Hirschi, p. 3 du JDJ N° 339), il est difficile de prétendre que la description des faits n’est pas OBJECTIVEMENT contraire à cet intérêt dans le cas d’espèce. Et a fortiori aux droits de ces enfants, l’un n’allant pas sans l’autre.

On peut se gargariser de beaux discours le 20 novembre, parader avec des enfants qui récitent leurs droits appris par coeur à l’école, faire de belles fêtes avec des personnalités en vue, s’auto-congratuler à longueur de journée, tant que des situations pareilles se produiront avec la complicité active d’agents de l’État, tout cela n’est que fanfaronnade, discours de pacotille, autisme collectif.


(1) Comme le prévoit le tout nouvel Arrêté royal du 17 septembre 2014 (M.B. 22 octobre 2014) relatif à la convention entre l’Office des étrangers et la famille en séjour irrégulier quant à la possibilité de résider dans une habitation personnelle, en tant qu’alternative à la détention.