LE JOURNAL DU DROIT DES JEUNES

L'éditorial de Benoit Van Keirsbilck dans le JDJ N°388

30 ans, mais pas toutes ses dents

Le 20 novembre 1989, l’Assemblée générale adoptait, par acclamation, la Convention internationale des droits de l’enfant, inscrivant ainsi clairement ces droits dans un corpus de droits humains : les droits de l’enfant sont des droits humains.

Trente ans plus tard, cette Convention est la plus ratifiée au monde. Indéniablement, de nombreux progrès ont été réalisés qu’il serait fastidieux de lister et injuste de ne pas reconnaître.

Mais le bilan global reste dramatiquement décevant, l’engagement des États, et d’autres acteurs de la société, n’a pas été à la hauteur ni des aspirations des enfants, ni des promesses sans cesse rappelées. Pensons aux Objectifs du millénaire pour le développement (OMD - 2000) qui promettaient monts et merveilles en 2015. Depuis, les objectifs pour un développement durable (ODD - 2015) ont réitéré ces anciennes promesses et en ont formulé de nouvelles, qui impliquent tous les pays (pas que ceux du Sud) et ajoutent des indicateurs pour évaluer leur mise en oeuvre. Mais on sait déjà qu’au rythme des progrès réalisés, on ne sera jamais prêts à temps (au niveau de l’enregistrement des naissances, de la lutte contre la pauvreté, de la lutte contre la violence à l’encontre des enfants, de l’accès à l’éducation, de l’accès à la justice, de la privation de liberté, d’une justice adaptée aux enfants, d’un accueil des migrants digne de ce nom, etc.).

Cet anniversaire coïncide avec le cinquiième anniversaire du Troisième Protocole optionnel à la Convention internationale des droits de l’enfant sur les Communications individuelles (plaintes). Ceci pour nous rappeler que sans accès à la justice, sans recours adaptés aux enfants, accessibles et effectifs, sans mécanismes de plainte, sans structures de contrôle et de suivi, les progrès ne seront pas au rendez-vous.

Cette Convention est à la fois un texte juridique contraignant - oui contraignant, quoiqu’en disent certains - très complet, mais aussi un engagement politique fondamental. Sa mise en oeuvre requiert une implication à tous les niveaux, des priorités budgétaires, une convergence d’actions, une constance dans les efforts, de la recherche académique et, par-dessus tout, une participation effective des enfants. Construisons ce monde pour les enfants, mais pas sans les enfants.

Fêter cet anniversaire n’a de sens que pour nous rappeler nos engagements et redynamiser les efforts pour accélérer les changements. Soyons à la hauteur.

Benoit Van Keirsbilck