LE JOURNAL DU DROIT DES JEUNES

L'éditorial de Benoit Van Keirsbilck dans le JDJ N°415

La garantie européenne pour l’enfance
Porteuse d’espoir pour les enfants en Belgique ?

Face au constat qu’en Europe, plus de 22% des enfants sont menacés de pauvreté ou d’exclusion sociale (chiffres qui datent de 2019 et qui se sont aggravés du fait de la pandémie et pourraient encore exploser avec la crise économique, d’énergie…), la Commission européenne a proposé de créer une «garantie européenne pour l’enfant» avec l’objectif de sortir ces enfants du cycle (souvent intergénérationnel) de la pauvreté (1).

Cette intention généreuse (88 milliards sur les 6 ans à venir) s’est concrétisée deux ans plus tard, par l’adoption, en juin 2021, de cette politique garantissant l’accès aux enfants à un ensemble de services clés dans les domaines de l’éducation et l’accueil de la petite enfance, y compris les activités scolaires, les soins de santé, la nutrition et le logement.

Cette garantie pour l’enfance est en fait un incitant pour que les États élaborent des politiques audacieuses et volontaristes, si possible novatrices, pour lutter contre la pauvreté infantile.

À la suite de quoi, chaque État a élaboré un plan national d’action. Pour la Belgique, il fut déposé début mai 2022 et présenté comme « le résultat d’une coopération coordonnée entre tous les niveaux politiques responsables des droits de l’enfant et de la lutte contre la pauvreté, ainsi que les organisations de la société civile familiarisées avec ce thème » (selon les termes du SPP Intégration sociale (2)).

On va lui accorder le bénéfice du doute, mais, comme le pointe l’Organe d’avis de la Commission nationale des droits de l’enfant, «le projet de plan semble manquer de vision stratégique, n’est pas basé sur un diagnostic détaillé, ni sur l’évaluation des politiques en place, ni sur l’expérience des parties prenantes et est en outre très fragmenté au niveau politique tant au niveau fédéral que régional» (3).

Ce plan a manifestement été préparé dans l’urgence. On peut espérer, mais sans optimisme démesuré ou béat, que le prochain sera réellement coordonné et qu’on ne se contentera pas de faire financer des politiques qui sont déjà en grande partie programmées et approuvées. La Belgique, qui assure la Présidence du Conseil de l’UE le premier semestre 2024, devrait avoir à cœur de montrer l’exemple.

Et terminons par rappeler que cette garantie devrait être mise en oeuvre en ayant en tête la stratégie de l’Union européenne pour les droits de l’enfant, parce que la lutte contre la pauvreté est d’abord et avant tout une question de droits fondamentaux.

Benoit Van Keirsbilck


(1) Recommandation du Conseil (EU) 2021/1004 du 14 juin 2021 établissant une garantie pour l’enfance, Official Journal Officiel de l’Union européenne, L 223/14.
(2) Voir : www.mi-is.be
(3) Voir l’avis « Recommandations pour la mise en oeuvre de la Garantie européenne pour l’enfance en Belgique » sur : www.ncrk-cnde.be