Tout le monde a déjà entendu parler de l’Education à la Vie Sexuelle et Affective, au moins de nom.
Du moins, pourrait-on le croire.
Ces clefs d’accompagnement de nos enfants et ados, à une vie relationnelle, affective et sexuelle épanouie, censées faire partie de l’enseignement obligatoire depuis maintenant plus de dix ans (1), ne sont pourtant pas encore assez connues (2).
Un non-sens, à l’heure où on n’a jamais autant parlé du consentement libre et éclairé au coeur des relations, de la lutte contre le harcèlement, le sexisme ou encore les violences basées sur le genre.
A l’heure où créer des espaces de parole autour du corps (3), de sa relation à l’autre, de ses émotions, est indispensable pour faire de nos jeunes pousses des adultes éclairés et responsables.
Et pourtant ! Pour certains (de nombreux ?) adultes, parents ou professionnels, le sujet des relations affectives et sexuelles reste encore un tabou.
Certains parents ne savent pas comment aborder le sujet des règles et de la contraception avec leurs ados. D’autres craignent d’en parler : « Est-ce que parler de sexe à mes enfants ne va pas les pousser à être actifs encore plus jeune ? » « Est-ce qu’il n’y a pas d’autres priorités, comme leur apprendre à lire et écrire ? »
Du côté des écoles non plus, l’éducation à la vie relationnelle, sexuelle et affective n’est pas toujours proposée, parce que vue comme une mission non essentielle, ou parce que crainte par le corps éducatif ou la direction.
Les freins à la généralisation de l’EVRAS tiennent aussi au manque de formation des enseignants (jusqu’en 2022, elle ne faisait pas partie de leur formation de base) et, comme souvent dans le secteur de la jeunesse, de moyens humains et financiers mis à disposition des professionnels.
A cela s’ajoute le manque d’information, notamment sur l’accès à l’interruption volontaire de grossesse, en particulier de certaines catégories de la population, dont les femmes sans accès aux soins en Belgique, comme le montre l’article de Priscilla Fligitter, Céline Glorie et Sarah Melsens de Médecins du monde (ce numéro, p. 11) et les lignes directrices publiées par l’OMS sur l’accès à l’avortement sécurisé (ce numéro, p. 31).
Alors aujourd’hui, même si on avance (on pense notamment aux Stratégies Concertées EVRAS (4) , qui visent une généralisation effective de l’EVRAS dans l’enseignement fondamental et secondaire), la route est encore longue.
L’actualité nous rappelle l’importance d’offrir des outils d’apprentissage au respect, à la tolérance des différences.
L’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle y contribue.
Il y a urgence à la promouvoir !
Alexandra Roelandt
(1) Inscription de l’éducation à la sexualité dans le décret «Missions» du 24 juillet 1997, M.B., 23 septembre 1997.
(2) Malgré des efforts, tels que cette série de webinaires «L’EVRAS dans mon école : c’est pas secondaire»
(voir : www.evras.be) pour permettre d’aborder ces questions avec les adultes qui accompagnent ces
jeunes au quotidien dans leur parcours scolaire, campagne soutenue par le Ministère de l’éducation et malgré la volonté affichée
par la Ministre Caroline Désir de travailler «sur la généralisation de l’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle (EVRAS) en milieu
scolaire, pour que chaque élève puisse bénéficier de balises communes sur ces question» (Circulaire du 26/09/2022).
(3) Notons ce livret réalisé par SOFELIA, la Fédération militante des centres de planning familial solidaires, «
Sang rougir! » qui déconstruit les tabous autour des menstruations.
(4) Elles proposent des outils, des formations, de la documentation à destination des professionnels.