"Ici et ailleurs" du JDJ N°387

Les professionnels doivent…

Dans son mémorandum à la classe politique, l’Observatoire de l’Enfance, de la Jeunesse et de l’Aide à la jeunesse recommande l’élaboration de plans d’action ambitieux envers les droits de l’enfant en y accordant les moyens nécessaires.

En particulier, il demande que l’interdiction explicite des châtiments corporels soit inscrite dans la loi de façon claire et universelle et que tous les professionnels soient formés en droits de l’enfant en impliquant les jeunes pour qu’ils puissent partager leur vécu.

…se former aux droits de l’enfant

La prévention du harcèlement, des violences et des comportements humiliants dans les écoles doit également être au coeur du projet politique des droits de l’enfant. L’école doit être un lieu d’apprentissage civique et les moyens politiques doivent accompagner ce processus y compris pour les jeunes en décrochage. (www.oejaj.cfwb.be)

Les 4 ennemis majeurs du cerveau…

La prévention du harcèlement est en particulier fondamentale quand on sait qu’elle fait partie d’un des quatre principaux ennemis du cerveau pour tout apprentissage qui lui fait perdre tous ses moyens:

  1. L’absence de sentiment de sécurité physique et émotionnelle qui est notamment provoquée par la peur, les moqueries, les menaces, les cris et le chantage, le retrait d’amour, l’isolement, la violence… ;
  2. La peur de l’erreur, alors que les erreurs font partie de la démarche d’apprendre et doivent aider les enfants à prendre confiance en eux (il n’y a jamais d’échec, il n’y a que des expériences);…à éviter quand on apprend
  3. L’anxiété et le stress : les capacités d’apprentissage des enfants dépendent grandement de leur état émotionnel. Il s’agit de leur apprendre à passer d’un état émotionnel défavorable aux apprentissages à un état favorable.
  4. Le découragement : «Je n’y arriverai jamais». L’idée est de faire comprendre à l’enfant que tout est question de temps et que les apprentissages ne sont pas une course à la performance.

(Voir : https://apprendre-reviser-memoriser.fr/ennemis-majeurs-du-cerveau-a-eviter-quand-on-apprend/).

Ce n’est sans doute pas nouveau pour la plupart des enseignants, mais il n’est pas sûr que ce soit toujours appliqué.

Il ne faut jamais oublier que l’intelligence est incroyablement plastique, qu’un mauvais élève peut devenir bon en l’espace de quelques mois quand il est dans un milieu sécure. Or, plus un système est rigide – et le nôtre l’est – moins il tient compte de cette plasticité de l’intelligence. – Boris Cyrulnik

CPT : nouvelle formation en ligne…

Une nouvelle formation en ligne gratuite sur les normes du CPT (Comité européen pour la prévention de la torture et des peines ou traitements inhumains ou dégradants) est désormais disponible sur la plateforme en ligne HELP (Human rights education for legal professionals) pour prévenir les mauvais traitements et conditions de privation de liberté inacceptables.

Elle couvre cinq lieux de privation de liberté: les commissariats de police, les établissements pénitentiaires, les lieux de rétention des migrants, les établissements psychiatriques et les établissements médico-sociaux. Elle comprend des informations sur le CPT, ses méthodes de travail, les visites des différents lieux mentionnés ci-dessus, les garanties légales, les interrogatoires, la comparution devant un juge, les procédures d’admission, les conditions de détention, l’accès à la santé, la rétention des migrants, dont les enfants, les traitements psychiatriques, les moyens de contention, la désinstitutionalisation, etc.

…sur la plateforme HELP

Les sujets sont abordés d’un point de vue pratique, à travers des présentations, des écrans interactifs, des tests de connaissances et des exercices de réflexion. La formation est principalement destinée aux professionnels du droit, au personnel des lieux de privation de liberté, aux mécanismes nationaux de prévention (MNP), aux décideurs, aux institutions nationales des droits de l’homme, aux organisations de la société civile, aux universitaires, etc.

Elle existe actuellement en anglais, mais d’autres langues sont prévues. (www.coe.int/en/).

Il s’agit d’un excellent moyen de se familiariser rapidement avec cet organe fondamental du Conseil de l’Europe.

Le nouveau paysage…

Un nouvel arrêté a été adopté par la FWB pour encadrer le travail des IPPJ à la suite de la réforme du secteur intervenue en janvier 2019 : il prévoit une harmonisation des projets éducatifs qui intègre le besoin du jeune d’insertion familiale et sociale, par un trajet éducatif individualisé.

Le régime reste soit ouvert, soit fermé, mais trois formes sont prévues : le diagnostic, l’éducation et l’intermède.

…des IPPJ…

La phase de diagnostic consiste en un temps d’observation et d’évaluation du jeune pour 30 jours maximum et débouchera sur des recommandations au Tribunal sur la prise en charge future : une section éducation en IPPJ ou une autre mesure. La phase éducation a une durée de trois mois renouvelables et vise à faire prendre conscience des actes qui ont provoqué le placement en IPPJ et de leurs éventuelles conséquences sur autrui.

La phase «intermède» accueillera des jeunes pour 15 jours (renouvelables une fois) ; des jeunes hébergés par une autre institution (publique ou privée) qui ont un comportement violent. Une sorte de «time out» qui doit déboucher sur un retour dans l’institution d’origine.

…s’élabore peu à peu.

L’arrêté prévoit en outre la mise en place d’un comité des projets éducatifs, chargé de les élaborer, évaluer leur mise en oeuvre et proposer de nouvelles pratiques psycho- éducatives, dont l’évaluation du recueil de la parole des jeunes.

Finalement, notons qu’un droit de recours contre les décisions qui le concernent personnellement est maintenant ouvert à un jeune qui les conteste ; plusieurs étapes sont prévues : le directeur de l’institution, le fonctionnaire dirigeant de l’institution ou encore auprès d’un organe de recours indépendant.

Quand Madrane pas content

Rachid Madrane a réagi vivement, comme à son habitude, pour défendre la rémunération (que nombre d’observateurs trouvent exagérée) et la nomination (notamment le parachutage de deux membres de son Cabinet) des chargés de prévention. (Voir notamment Ici et ailleurs, JDJ n° 386, p. 46).

Circulez, y’a rien à voir ! Tout à été fait dans les règles et ceux qui critiquent font des procès d’intention, dénigrent la fonction et ne sont en définitive que des conservateurs, farouches opposants à la prévention, qui ne jurent que par l’hébergement (ce qui est évidemment le cas de directeurs d’AMO !).

Bon sang, c’est bien sűr ! Quand la critique fait mouche, on dénigre son auteur. ( https://pro.guidesocial.be/articles/actualites/polemique-des-charges-de-prevention-madrane-repond-aux-critiques.html).

Reste à espérer que Valérie Glatigny, la nouvelle ministre de l’Aide et la protection de la jeunesse, suive cette fonction de près (et soit moins susceptible face à la critique que son prédécesseur, ainsi que moins dans le favoritisme).


Les bésicles de Jiji

Le défi de la nouvelle législature

… battre en ridicule l’intitulé suivant (Moniteur, 29 avril) : « Loi du 23 mars 2019 portant modification de la loi du 18 mars 2016 portant modification de l’Office national des Pensions en Service fédéral des Pensions, portant intégration des attributions et du personnel du Service des Pensions du Secteur public, d’une partie des attributions et du personnel de la Direction générale Victimes de la guerre, des missions « Pensions » des secteurs locaux et provinciaux de l’Office des régimes particuliers de sécurité sociale, de HR Rail et portant reprise du Service social collectif de l’Office des régimes particuliers de sécurité sociale, en vue de permettre l’octroi par le Service fédéral des Pensions de subsides à certaines fédérations et œuvres qui agissent en faveur des victimes de la guerre et de leurs ayants droit ». Et qui aidera les victimes de cacographie législative ?

Mauvaise nouvelle

Dans celui du 3 mai 2019, un addendum à la loi du 29 juillet 1971 « portant approbation de la Convention entre le Royaume de Belgique et la République d’Indonésie relative à l’encouragement et à la protection relative à l’encouragement et à la protection réciproque des investissements, et du Protocole, signés à Djakarta le 15 janvier 1970 ». On apprend ainsi que « Conformément à son article 12, la Convention a pris fin le 16 juin 2002 ». Les retards de publication des actes internationaux auxquels adhère la Belgique constituent un scandale éternel qui ne paraît déranger aucun des gouvernements fédéraux successifs.

Dans le couloir d’« il mord »

Le bourgmestre de Hoegaarden (Brabant flamand) avait ordonné l’euthanasie du pitbull Paco, coupable des meurtres de deux moutons et d’un yorkshire terrier, dans lesquels il avait entraîné sa compagne Billy. Le refuge chargé d’héberger les deux criminels avait saisi le Conseil d’État de requêtes en annulation et en suspension d’extrême urgence. Dans son arrêt n° 244.406 du 7 mai 2019, la Haute Juridiction reconnaît sérieux les moyens mais estime sans objet la demande de suspension puisque le bourgmestre a décidé de postposer l’exécution jusqu’à l’arrêt qui se prononcera sur l’annulation. On se croirait aux États-Unis : que fait Amnesty ?

Un bougnat de l’Altitude Cent

SOSoir (25 mai) prétend livrer un « reportage » sur l’Aubrac (Massif central), selon lequel l’aligot serait fait avec de la tome de chèvre, sans doute pour laisser les vaches se reposer. Et surtout, le vieux Capou collectionne les objets traditionnels de la ruralité : « Mon brol n’a qu’une valeur sentimentale ». En auvergnat dans le texte.

Les deux roues de l’ œcuménisme

Une dépêche de Belga (Le Soir, 1er-2 juin) signale que la bénédiction annuelle des motos a eu lieu en l’église [catholique] Saint-Pierre de Jette. L’assistance comprenait des policiers, de simples motards et des paroissiens, « d’après le pasteur D.V. ». Un représentant du protestantisme s’associerait donc à ce rite fétichiste ? Mais non : l’agence d’« information » a elle aussi un traduiseur de pointe qui ignore qu’en néerlandais et en Belgique, « pastoor » désigne d’habitude un prêtre.

Ça tombe dru

  • Dans Tribune (CGSP) de mai : « [L’Interrégionale wallonne] a pris le parti de ne pas proposer de mémorandum aux différents partis démocratiques ». Partie sans laisser d’adresse ?

  • Touring Magazine (mai-juin) sur la pratique des pourboires dans divers pays : « En Grèce, arrondir la note est monnaie courante ». N’essayez pas de refiler de vieilles drachmes.

  • Le Soir (15 mai) : « Le gouvernement Michel boucle ses balises constitutionnelles ». On ne savait pas qu’il fallait verrouiller ces engins ; ou bien un b a usurpé la place d’un v.

  • Le tarif des amendes à la STIB (transports publics bruxellois) : « Possession d’un titre de transport falsifié ou d’une tierce personne : 408 EUR ». L’esclavage, c’est pour rien.

  • Et la publicité d’Ethias : « 94% de nos clients sont satisfaits ou très satisfaits après un sinistre ». Patron, la même chose !

  • Au Moniteur du 11 juin, un arrêté royal du 14 mai 2019 modifie le Code du bien-être au travail « en ce qui concerne la surveillance de la santé périodique ». Vu l’absentéisme, mieux vaut les examiner quand par hasard ils ne sont pas malades ? Les francophones en tout cas : en néerlandais, « periodiek gezondheidstoezicht », la périodicité concerne la surveillance.

  • Et dans celui du 12 juin, le record de l’intitulé incompréhensible avec un décret flamand du 26 avril 2019 « relatif à l’accessibilité de base », scrupuleux traduisement de « betreffende de basisbereikbaarheid ». Il s’agit de mobilité.

  • Celui du 27 juin publie un arrêté royal du 12 mai 2019, proposé par M.-Ch. Marghem (MR), qui octroie à Pa iri Daiza « une subvention de maximum 250 EUR ». Trouve-t-on du bambou « produit blanc » pour les pandas ?

  • Entendu à plusieurs Journaux parlés de la RTBF Radio (16 juin) : « Rebelote : les électeurs de Neufchâteau votent pour la troisième fois en huit mois ». Au jeu du même nom, la belote est une paire composée du roi et de la dame d’atout. Que les ignares s’en tiennent à la bataille.