"Ici et ailleurs" du JDJ N°403

Débattre avec l’extrême-droite : jamais !

Nicolas Galita nous propose une démonstration intéressante des cinq (principales) raisons de ne jamais débattre publiquement avec l’extrême droite.

On a tout à perdre et ils ont tout à gagner. À lire pour participer au combat contre la tâche brune qui s’étend. Cinq principes, expliqués de manière très pédagogique: l’extrême droite n’est ni inculte, ni stupide, ni méchante, mais elle est foncièrement malhonnête.

«Elle n’a pas la science comme valeur. Bien au contraire. Par conséquent, leur montrer qu’ils ont scientifiquement tort n’a aucun impact sur eux» ; ou encore : «L’extrême-droite n’est pas sincère quand elle appelle à la liberté d’expression ou à la démocratie».

A lire sur le blog de Nicolas Galita sur : https://medium.com/dépenser-repenser

Impensable en 2021 ?

Au début de l’aviation, les hôtesses de l’air ne pouvaient, contractuellement, pas se marier ou avoir des enfants (c’est semble-t-il encore le cas dans certaines compagnies aériennes où il faut a minima demander la permission à son employeur).

En Belgique, le licenciement pour motif de grossesse n’a été interdit par la loi qu’en… 1969 ! Aujourd’hui, Lara Lugli, volleyeuse italienne, est poursuivie en justice par son ancien club de Pordenone pour être tombée enceinte pendant la saison sportive 2018-2019.

En Italie, elle est devenue le symbole des femmes sportives se battant pour combiner carrière et vie personnelle. A lire sur : www.marieclaire.fr.

Comme quoi, il y a encore bien des combats à mener !

La précarité menstruelle : une réalité !

La Fédération Wallonie- Bruxelles se penche sur la question de la précarité menstruelle au départ d’une proposition de résolution qui demande au gouvernement d’étudier l’impact budgétaire de la mise à disposition des protections périodiques dans l’enseignement obligatoire et supérieur, ainsi que le soutien à la mise en oeuvre d’un projet pilote dans les établissements scolaires avant la fin de la législature.

C’est bizarre, il n’y a jamais eu de résolution pour évaluer le coût de l’achat du papier toilette dans les écoles. Il y a manifestement des évidences plus évidentes que d’autres !

Selon une étude BDO de 2019, 36 % des étudiants du supérieur font face «à des problèmes d’ordre financier de manière régulière». Le Soir, 24/02/2021, par Charlotte Hutin.

Go, go, go !

Arora Akanksha, une ressortissante Canadienne de 34 ans, née en Inde dans une famille de réfugiés pakistanais et ayant grandi en Arabie saoudite, veut devenir secrétaire générale de l’ONU. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle n’a pas froid aux yeux !

Elle a lancé sa campagne seule, sur ses deniers personnels. Voilà une démarche particulièrement intéressante qui va au moins permettre de débattre de ce qu’on attend de cette institution, de la manière d’améliorer son impact.

Si ça peut aussi permettre de questionner l’hégémonie des membres permanents du Conseil de sécurité, on aura fait un pas en avant. Qu’une femme, jeune, avec des racines multiples et déjà une expérience intéressante annonce sa candidature, c’est tout simplement un vent de fraîcheur bienvenu.

Source : www.courrierinternational.com

Madame Glatigny…

Le Secrétaire d’État chargé de l’enfance et des familles en France a confié une mission à M. Gautier Arnaud- Melchiorre intitulée : «La parole aux enfants : quels regards portés par les enfants et les jeunes de l’aide sociale à l’enfance sur leur parcours et leur accompagnement ?».

Il explique vouloir donner une place importante à la parole des enfants protégés afin que ceux-ci puissent être pleinement acteurs de leur parcours et associés à la mise en oeuvre des politiques publiques qui les concernent.

… est-ce que ça vous inspire ?

«Il est temps que le champ de la protection de l’enfance accorde aux enfants les moyens d’agir et de garantir leurs droits. Trop souvent, les enfants protégés manquent d’espaces pour exprimer leurs attentes vis-à-vis des acteurs de la protection de l’enfance».

Et exprime le souhait que la mission aboutisse à la rédaction d’une Charte des droits des enfants protégés avec un outil adapté et accessible à tous, qui aura vocation à être affichée dans tous les établissements et services de l’aide sociale à l’enfance et soit le fruit d’une consultation alliant l’ensemble de la société civile permettant une approche plus globale de l’enfance et de ses besoins.

Beau programme ! Pourvu qu’il n’accouche pas d’une fourmi ou d’une simple affiche qui prendra la poussière sur les murs d’institutions délabrées.

Des nourrissons …

Il y a eu, en France, mais aussi en Belgique et dans d’autres pays européens, quelques incidents qualifiés de «rixes entre adolescents».

Immédiatement, les médias (en particulier les médias-sociaux) s’emparent du phénomène et crient à une augmentation de la violence entre jeunes, à un abaissement de l’âge des protagonistes, à une situation ingérable (avec le retour de l’appel à une tolérance zéro, qui est un slogan aussi vide de sens qu’inutile, mais qui fait bien dans la bouche de certains politiques en mal de visibilité).

… braqueurs de banque !

Une Fédération de parents d’élèves (la FCPE) a interrogé Laurent Mucchielli, sociologue, directeur de recherche au CNRS, enseignant à l’Université d’Aix-Marseille sur sa lecture de ce phénomène. L’occasion de rappeler que ce n’est pas un nouveau phénomène du tout, qu’il change de nom (Apaches, Blousons noirs, Loubards, Zonards, bande urbaine,…) et de forme et qu’il n’y a ni augmentation, ni rajeunissement : si c’était le cas depuis 150 ans, «on devrait voir bientôt les nourrissons braquer les banques» ou le taux d’homicides exploser !

Et notre sociologue de pointer le manque de travail d’investigation de la presse qui se contente de relayer des informations, souvent en les amplifiant pour faire du sensationnalisme. Le phénomène est plus complexe et les solutions certainement pas univoques.

C’est toujours utile de prendre du recul, remettre en perspective, relativiser certaines situations et sans doute aussi questionner encore et toujours les solutions proposées. Les intellectuels et chercheurs sont aussi là pour ça.

Interview complet à retrouver sur www.fcpe.asso.fr.


Les bésicles de Jiji

Sortez-les !

Au Moniteur du 21 décembre, un arrêté royal du 16 décembre 2020 renforce des « mesures de soutien » en raison de la pandémie. Elles sont destinées aux employeurs « à condition qu’ils ressortent du champ d’application de la loi (…) sur les conventions collectives de travail ». Eh non. Il y a deux « sortir » : le verbe de mouvement, et un autre qui signifie « produire » et se conjugue comme « finir » ; donc, « il sortit de sa maison », indicatif passé simple, et « la loi sortit ses effets », indicatif présent. Logiquement, il y a aussi deux « ressortir », de sorte que la condition doit s’énoncer « qu’ils ressortissent au champ d’application », au lieu de s’en extraire après y être entrés.

Une leçon d’Alphonse

Entre autres innombrables aphorismes, Allais, l’immortel dilettante de Honfleur, nous a laissé celui-ci : « C’est parce que la fortune vient en dormant qu’elle arrive si lentement ». Très fin, car en français, le gérondif doit avoir le même sujet que le verbe principal ; or, dans l’adage que, faute de mieux, les grammairiens actent comme « figé », ce n’est pas la fortune qui dort…

Les ministres passent, les traduiseurs restent, les rédigeurs aussi

Rédactée par le ministre (néerlandophone) des Finances, la loi du 20 décembre 2020 (Moniteur, 30 décembre, 2ème éd.) s’intitule « houdende dringende diverse fiscale en fraudebestrijding bepalingen », c’est-à-mal dire « portant des dispositions fiscales diverses et de lutte contre la fraude fiscale urgentes ». Pourtant, toutes ces « dispositions » semblent en néerlandais aussi « urgentes » que « diverses », mais selon l’avis du Conseil d’État, seuls deux chapitres répondent à cette caractéristique. Le « français » est donc moins pas exact, et la clarté législative attendra.

Comme dans Sacré Graal !

… ou presque, le latin mord. Pour une fois, je ne peux pas vous dévoiler ma source ; faites-moi confiance. L’expression « sui generis » (« en son genre ») est la roue de secours des juristes incapables de rattacher telle situation à une catégorie existante. Mais voici, au sujet de l’amélioration du sort des personnes prostituées : « un statut suis generis », càd. « du genre du porc ». Hélas…

Ça tombe dru

  • Le Soir (2 décembre) : « Les importations de viande brésilienne alimentent la déforestation ». Ce qu’il fallait écrire.

  • Aussi (10 décembre), une dépêche de l’AFP : « Un médecin français a légué après sa mort près de 3.000 EUR aux chats du musée de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg ». Un spectre plus positif que la défunte de Goumois (J.D.J. n° 397, p. 47).

  • Même jour, pourquoi Macron accueille-t-il le dictateur égyptien ? « La vente d’avions de chasse et de corvettes marines vaut bien de se boucher le nez ». L’adjectif fournit une précision indispensable ; à défaut, on croirait que la France fourgue des Chevrolet.

  • Encore (22 décembre), l’éditorial : « Il y a eu un usage disproportionné de la force physique, mais aussi verbale, dans le chef de la police ». Qui est ce Supercop violent et grossier ? « De la part de » aurait parfaitement remplacé une expression obscure.

  • Itou (29 décembre), un emprunt au site Sputniknews : en Italie, un nonagénaire esseulé a invité des carabinieri (gendarmes) et leur a parlé de « son beau-père, le maréchal F.S. qui (…) a commandé la caserne des carabiniers ». Surqualifié ? « Maresciallo » est un grade de sous-officier (c’est encore l’objecteur de conscience qui doit expliquer cela).

  • SOSoir, le supplément pipeul (19 décembre) présente sa sélection de vins : « Ce riesling allemand (…) est un assemblage de sept parcelles sélectionnées avec parcimonie dans le vignoble ». Un breuvage pas très généreux.

  • Ibidem, un « chef à domicile » propose un « filet de barbu et ses petits légumes ». Le barbu, ou barbus, de Sumatra atteint 7 cm. et est très prisé dans un aquarium, à la différence de la barbue ; ou bien le confinement pousse-t-il au cannibalisme ?

  • Dans Tribune (CGSP, décembre), revoici le maire de Champignac : « Notre vigilance est déjà en marche ! » et le ministre de la Justice doit « remettre de l’ordre au niveau de l’Ordre judiciaire ».

  • Au 7-9 de la RTBF Radio (4 décembre, 7 h. 45), un « journaliste » : « Le vaccin anti-Covid doit être conservé à 70 degrés ». Dans un thermos ?

  • Même programme (29 décembre), « Le gouvernement va renforcer les contrôles à l’encontre des vacanciers de retour de l’étranger ». L’heure de la répression ? Cette expression signifie « en opposition à », et non « à l’égard de », ou « envers ».

  • Et la Newsletter de la RTBF (11 décembre) : « Ce nouveau [drone] était déjà à pied d’œuvre pendant le premier confinement dans certaines zones de police ». Le vol du cloporte ?

  • Pendant ce temps, les précautions à l’ULB : « 1 personne maximum dans l’ascenseur ». ½ est préférable, et 0 encore mieux.