"Ici et ailleurs" du JDJ N°419
Une bande-dessinée pour raconter l’arrivée des enfants migrants
Dans le cadre du projet Become Safe, Défense des enfants International Belgique s’est associée avec la Croix-Rouge et Fedasil et propose un nouvel outil de plaidoyer pour une meilleure prise en charge en Belgique des enfants migrants victimes de violences.
La bande-dessinée « Quel monde pour moi ? » reflète le souhait de parler des enfants dans des termes qui leur ressemblent : des termes humains. Elle met en lumière l’existence et l’accumulation de violences dans les pays d’arrivée, et leurs conséquences désastreuses sur les enfants.
Elle est disponible au prix de 7€ en FR et en NL auprès de info@defensedesenfants.be.
L’U.E. ne parvient pas à faciliter l’intégration des enfants roms
L’Agence européenne des droits fondamentaux publiait le mois dernier un rapport dans lequel elle constate que la situation des Roms ne s’est pas améliorée, en dépit des objectifs fixés par l’Union européenne pour faciliter leur intégration.
Les enfants sont les premières victimes de cette absence de progrès. Sept jeunes Roms sur dix quittent prématurément le système éducatif (pour un jeune européen sur dix).
Aussi, 52 % des enfants entre 6 et 15 ans se trouvent dans une école ségréguée, un chiffre en hausse de 8 % en six ans.
Les magistrats de la jeunesse appellent Valérie Glatigny à l’aide
À propos de chiffres, ceux de l’accueil et l’accompagnement de mineurs en dangers en Belgique sont également alarmants. C’est ce que dénoncent les 14 juges de la jeunesse de Bruxelles et les substituts du procureur du Roi de la section jeunesse dans une lettre d’appel à l’aide à la ministre Valérie Glatigny.
Faute de place dans les institutions d’hébergement, au 1er octobre, 513 enfants considérés en danger attendaient de bénéficier d’un accompagnement estimé pourtant indispensable.
Les magistrats déclarent ne plus être en mesure d’assumer leur protection. Ces chiffres inquiétants mériteraient une analyse fine, pour déterminer les lieux d’engorgement en vue de proposer des solutions adaptées sans retomber dans le travers du tout à l’accueil institutionnel.
Mais il n’est pas certain que les outils pour une telle analyse soient fonctionnels actuellement.
En novembre, l’ONU s’inquiète du respect des droits humains sur Twitter …
A peine nommé, Volker Türk, le nouveau Haut-Commissaire pour les droits humains de l’ONU a écrit une lettre ouverte à Elon Musk, qui vient de faire l’acquisition de Twitter en déboursant la somme modique de 44 milliards de dollars, pour le prier de s’assurer que les droits humains soient centraux dans la gestion de Twitter après son rachat.
Türk Volker s’inquiétait, à juste titre, du mauvais départ que représentait la nouvelle du licenciement de la gestion du réseau social de toute l’équipe en charge des droits humains et de (presque) toute l’équipe pour l’éthique de l’intelligence artificielle.
… en décembre, l’UE constate que ces inquiétudes étaient fondées.
Aujourd’hui, le Haut-Commissaire doit penser que sa lettre s’est perdue en route. Voilà un peu plus d’un mois qu’Elon Musk a repris la plateforme Twitter, et les chiffres sont déjà révélateurs. Depuis que le milliardaire en est le propriétaire, les insultes envers les américains noirs sont passés de 1.282 cas à 3.876 cas par jours. Dans le même ordre d’idées, les insultes envers les hommes gays et les posts antisémites ont augmenté d’environ 60 %.
Thierry Breton, commissaire européen au numérique, a appelé Elon Musk à respecter le récent Digital Service Act de l’UE. M. Musk devra bien s’y faire, dans certains pays, le racisme, la xénophobie, l’homophobie sont des crimes.
La Cour constitutionnelle ne veut pas d’écoles formatées
Le 16 juin 2022, la Cour constitutionnelle a donné raison aux écoles de pédagogie Steiner, en annulant partiellement le décret flamand du 12 février 2021.
Celui-ci prévoyait un nouveau « socle de compétences » à atteindre pour les élèves du secondaire. Les écoles de pédagogie Steiner estimaient qu’il ne respectait pas la liberté d’enseignement.
C’est dans ce sens que la Cour a tranché, jugeant les objectifs à ce point développés qu’ils correspondaient à un programme d’enseignement complet. La limitation de la liberté d’enseignement n’était donc pas proportionnée.
Deux crèches de l’horreur fermées en Flandre…
Les autorités flamandes ont dû fermer en urgence une crèche à Audenarde pour des faits odieux concernant les enfants qu’ils avaient à charge. Les témoignages rapportés dans la presse néerlandophone mentionnent, entre autres, des enfants maintenus sous l’eau froide, enfermés dans la cuisine, poussés la tête la première dans les toilettes ou dans leur assiette pour qu’ils arrêtent de pleurer.
C’est le second établissement à être fermé cette semaine-là en Flandre, après une autre crèche à Keerbergen.
Il était là question d’un enfant attaché à son lit par du ruban adhésif.
… pendant que la Wallonie démarre une action contre une maison de correction carolo.
En matière de violences infantiles, la Wallonie n’est pas en reste, puisqu’on se rappelle des traitements dégradants, des coups et des blessures subis par plusieurs mineurs qui avaient été placés dans un Service Résidentiel Général près de Montigny-le-Tilleul.
Des enfants, âgés de 0 à 6, avaient été bâillonnés, enfermés dans des armoires, ou maintenus pieds nus à l’extérieur en hiver. Le ministère public a requis, mi-novembre, des peines de 8 mois à 2 ans de prison contre les six prévenus.
La coordinatrice de ce qui s’apparente désormais plus à une maison de correction qu’à un service résidentiel a en outre été licenciée.
Les bésicles de Jiji
C’est presque nul
On entend souvent tel journaliste sportif déclarer, par exemple au sujet d’un club de football en difficulté, qu’il doit gagner son prochain match « a minima ». Redoutons la contagion de ce que, dans son blog « Le choix des mots » du 21 mai 2018, L’Express appelait du « latin crétin ». L’expression judiciaire « appel a minima (poena) » signifie que le ministère public conteste le jugement qui a infligé la peine la plus faible. Rien à voir avec ce que le scribouillard voulait dire : « au minimum ».
Du même airain
Relatant une affaire de suicide collectif de Français à Montreux (Suisse), Elle (éd. France, 14 juillet) cite le communiqué de la police cantonale, en précisant : « dixit les enquêteurs vaudois ». En latin, le terme est la 3ème personne du singulier de l’indicatif passé simple du verbe dicere : « il/elle déclara ». Au pluriel, « dixerunt ». De nos jours, plus personne n’a la moindre obligation d’avoir étudié cette langue, mais pourquoi la maltraiter ? Et quelle plus-value ce borborygme apporte-t-il à « selon » ?
Aucun doute ne peut subsister
Le Moniteur du 7 juillet publie, daté du 17 mai 2022, un « arrêté du Collège de la Commission communautaire française modifiant l’arrêté du Collège de la Commission communautaire française du 13 avril 1995 portant le statut des fonctionnaires des services de la Commission communautaire française ». Il faut bourrer sa pipe de substances douteuses pour rêver qu’un jour, pareil intitulé puisse se lire « … modifiant son arrêté » et « … des services de celle-ci ».
Hydrologie
D’après le site de La Libre (14 juillet), Z. Demir (N-VA), ministre flamande de l’Environnement, se plaint de l’inertie des autorités wallonnes face à son offre de collaboration en vue de la prévention de nouvelles inondations catastrophiques. Elle a déclaré au Belang van Limburg (rien à redire à la traduction) : « Il est crucial que les choses se passent en amont ». Hélas, oui.
Ça tombe dru
En page une du Soir (4 juillet) : « Fusillades à répétition : la police désarmée ». Elle n’a que des pistolets à un coup (mais parfois, c’est suffisant…).
Ibidem(6 juillet), concernant les difficultés du secteur aérien : « La chute du modèle social vers le bas complique les choses ». Adele l’avait chanté : « Let the sky fall ».
Même jour, dans la série « Mémoires d’épaves », un « exploit » d’un sous-marin allemand en 1917 : « Le cuirassier français Kléber saute sur une de ses mines ». Le général de ce nom (Jean-Baptiste) avait commencé sa carrière dans la cavalerie, mais comme hussard ; et le navire en cause était un « croiseur cuirassé ».
Aussi (14 juillet), « Le Belge achète toujours plus une résidence secondaire ». Et « la Belge », cette avare, « toujours moins ».
Itou (22 juillet), sur l’Euro de football féminin : « Les Red Flames doivent y croire contre l’ogre suédois ». Plutôt « l’ogresse », donc ; faut s’y faire, les mecs.
De plus (22 juillet), lesoirimmo présente une grande villa à vendre : « Les salles d’eau ont été rénovées de manière qualitative ». On manquait de place pour en augmenter la quantité.
Encore (28 juillet), « Assurances incendie : les primes au plus haut ». L’article explique qu’une des causes en est la multiplication des sinistres : par exemple, les inondations.
Enfin (1er août), une brève, reprise de l’AFP, annonce que le pape, qui ne se déplace plus qu’en chaise roulante, va « lever le pied ». Comme le paralytique de la piscine de Béthesda (Jean, 5 : 1-18).
Au Moniteur (20 juillet), un arrêté du gouvernement flamand, daté du 13 mai 2022 et d’une surprenante apparence judiciaire : « relatif aux arrêts et à l’infrastructure des arrêts ». Le traduiseur n’a pas fauté, mais « haltes » en néerlandais concerne les transports publics.
Le site de la RTBF (19 juillet) explique que « L’armée américaine est notamment déployée en Pologne pour renforcer le flan est de l’OTAN ». De peur que les Russes y entrent comme dans du beurre.
Même medium, au Journal (radio) de 8 h. (22 juillet), G.-L. Bouchez (MR) commente l’accord nucléaire : « Dans des secteurs stratégiques, il est normal que l’État décide un petit peu sur la direction ». Le libéralisme est de plus en plus autoritaire.
Par son arrêt n° 254.299 du 27 juillet 2022 (J.D.J. n° 417, p.34, note), le Conseil d’État, en extrême urgence, suspend la décision d’expulsion d’un camp scout, prise par le bourgmestre (MR aussi) de La Roche, pour défaut d’audition préalable. Pourtant, il y aurait eu, entre autres, tapage nocturne…
