«Tirer les revenus minimaux au-dessus du seuil de pauvreté n’est une menace ni pour l’emploi ni pour la sécurité sociale : osons dédramatiser le sujet !», plaide le Réseau belge pour le Revenu Minimum dans une Carte blanche parue dans Le Vif (le 17/01/2024).
Il rappelle que 1,5 millions de personnes vivent avec un revenu inférieur au seuil de pauvreté européen en précisant (citant une étude de l’OCDE, de l’UCLouvain, du Conseil de UE) que l’augmentation des allocations sociales ne constitue pas un incitant à ne pas travailler (a contrario, la limitation des allocations de chômage n’a pas eu d’effet bénéfique sur le taux d’emploi).
Bien au contraire, c’est la pauvreté qui menace l’emploi en créant un stress extrême pour chercher à joindre les deux bouts, qui empêche de créer l’espace mental pour une planification à long terme.
La recherche d’un emploi coûte aussi de l’argent.
Faits qui devraient inciter le politique à s’attaquer aux emplois précaires et salaires indécents. Donc, en combinant des revenus de remplacement décents et un accompagnement digne de ce nom pour la recherche d’emploi, on en fait beaucoup plus pour le taux d’emploi.
Pourtant, nombre de politiques continuent à affirmer exactement le contraire, preuve de leur aveuglement sur la question et incapacité à véritablement comprendre la réalité des personnes qui vivent dans la pauvreté.
La Carte blanche se poursuit : «Soyons de bon compte : cette législature a fait un grand pas en avant en relevant les allocations vers le seuil de pauvreté européen. Malheureusement, cela ne suffira pas : une étude récente du SPF Sécurité sociale établit que l’efficacité sociale s’est bel et bien améliorée pour les personnes isolées, mais beaucoup moins pour les familles, encore moins pour les familles avec enfants. La situation des familles monoparentales reste également particulièrement problématique».
Et de conclure : «La pauvreté est une réalité complexe, dont les causes multifactorielles sont enracinées dans des mécanismes structurels d’exclusion. Un labyrinthe où les personnes se heurtent sans cesse à des portes qui ont été fermées par des politiques basées sur des intuitions, et non des faits».
Plus de 50 ONG ont adressé une lettre ouverte à l’UE sur les risques que le pacte sur les migrations fait peser sur les droits humains.
Si ce texte est adopté dans sa forme actuelle, considèrent- elles, il normalisera le recours arbitraire à la détention des immigrants, y compris pour les enfants et les familles, renforcera le profilage racial, utilisera des procédures de «crise» pour permettre les refoulements et renverra les individus vers des «pays tiers sûrs» où ils risquent la violence, la torture et l’emprisonnement arbitraire.
Il trahit également l’esprit des politiques existantes de l’UE, tels que le plan d’action de l’UE sur l’intégration et celui contre le racisme, qui reconnaissent les effets croisés du racisme et de la vulnérabilité spécifique des migrants et des réfugiés.
En l’état, le pacte risque de perpétuer des pratiques discriminatoires au sein même des structures censées garantir la justice et la protection pour tous.
De son côté, le rapporteur spécial sur les droits de l’homme des migrants des Nations unies a adressé une lettre ouverte (de 16 pages) aux autorités européennes sur le même thème. Il analyse le pacte migratoire au regard des standards internationaux en matière de droits humains et demande une réponse circonstanciée aux manquements graves qu’il pointe.
Reste à voir si ça suffira à infléchir une politique qui semble malheureusement de plus en plus attentatoire aux droits fondamentaux.
La Libre, sous la plume de Annick Hovine, publie un compte rendu d’audience (le 16/12/2023) qui relate le procès de deux inspecteurs de police accusés d’avoir interpellé un jeune de façon musclée (comparaissant cinq ans après les faits, la justice accélérée avec comparution immédiate, c’est pour les petits délinquants !).
La description des faits, filmés par une vidéo de sécurité (sans quoi on peut être certain qu’il n’y aurait pas eu la moindre poursuite), est éloquente et limpide.
L’arrestation brutale fait suite à un contrôle d’identité que rien ne semble justifier, si ce n’est… le faciès de l’intéressé. Et pourtant, l’auguste représentant du Ministère public commence par faire la leçon à la victime : quand on demande la carte d’identité, il faut la montrer.
Certes, encore faut-il une bonne raison pour la demander.
Les contorsions du substitut (telles que décrites dans l’article), incapable de mettre les mots justes face aux faits (violence policière, contrôle au faciès, racisme) sont pitoyables. Pas comme ça que les jeunes se sentiront en sécurité face à un uniforme.
Si vous aimez le style brutaliste, les journalistes sportifs déçoivent rarement. Celui du Soir (19 juillet) sur le « contre la montre » de Combloux : « [Jonas Vingegaard] a mis du grain à moudre dans le moulin tourbillonnant dont se gavent les sceptiques » ; des estomacs en béton.
Il poursuit : « … depuis que Lance Armstrong a dépecé l’épreuve du peu de crédit qui lui restait encore » ; pourtant, « le Cannibale », c’était quelqu’un d’autre…
Au Moniteur du 24 juillet, un avis fait savoir que la S.A. Philip Morris Benelux a introduit devant le Conseil d’État un recours contre l’arrêté royal du 14 mars 2023 « relatif à l’interdiction de mise sur le marché de certains produits similaires », ou « soortegelijke producten ». À quoi ? Proposé par F. Vandenbroucke (Vooruit), ministre fédéral de la Santé publique, cet arrêté vise les pochettes de nicotine et de cannabinoïde. Cependant, il faut remonter à la loi du 24 janvier 1977 (protection des consommateurs) pour trouver l’expression « les produits à base de tabac et les produits similaires ».
Ibidem (1er août), T. Van der Straeten (Groen) signe un arrêté ministériel du 13 juin 2023 « portant désignation des fonctionnaires chargés de représenter le ministre qui a l’Énergie dans l’accomplissement des formalités pour les autorisations ». De faire quoi ? (la production et la distribution d’électricité). Et sur les 16 excellences fédérales, une seule trouve la force d’exercer son mandat - en déléguant ?
Le 20 février 2023, la section de législation du Conseil d’État (www.raadvst-consetat.be) a rendu son avis n° 72.798 sur un avant-projet d’ordonnance de la Commission communautaire commune « concernant le parcours d’accueil et d’accompagnement des primo-arrivants et des personnes étrangères ». Se référant à un avis précédent, elle écrit en néerlandais : « Deze opmerkingen zijn nog steeds relevant », et en français : « Ces observations sont encore toujours pertinentes ». L’expression n’existe pas ; « encore et toujours » signifie « éternellement », sur un ton plaisant ou excédé, mais en l’occurrence, il fallait se contenter d’un seul des deux adverbes.
L’éditorial du Soir (24 juillet) traite des craintes d’ingérence dans la liberté des cultes que suscite V. Van Quickenborne (VLD), ministre de la Justice. On y lit qu’il « jure ses grands dieux » et que la Constitution entretient à ce sujet « une sacrée ambiguïté ». Amen.
Encore (27 juillet), Vivaqua, l’intercommunale bruxelloise de distribution d’eau, a de sérieux problèmes financiers dus à la facturation, mais il y a un mieux : « 82, 5% de nos clients (…) reçoivent un acompte trimestriel ou mensuel au moment [prévu] ». Et la direction s’étonne ?
Même jour, « Pairi Daiza a annoncé le décès d’un diable de Tasmanie ». Mort de froid à la suite d’un exorcisme ? La gazette aurait dû préciser qu’il s’agit du seul marsupial carnivore.
Aussi (28 juillet), sur Robert F. Kennedy Jr, candidat aux primaires démocrates contre J. Biden : « À l’instar de Donald Trump en 2015, [il] offre une vision du monde conspirationniste aux électeurs ». Chacun/e complote contre chacun/e des autres.
Itou (29-30 juillet), un titre pour ravir les nécrophages : « Trente ans après sa mort, que reste-t-il du roi Baudouin ? ».
De plus (31 juillet), la députée fédérale C. Fonck est « l’immuable patronne du groupe [parlementaire] CDH devenu Les Engagés depuis 2014 ». Le parti a changé de nom (?) en 2022, et le gribouilleur a sans doute voulu écrire « inamovible ».
En outre (1er août), Ph. Henry (Ecolo), ministre wallon de la Mobilité, pilier de cette rubrique : « C’est très interpellant de voir sous nos yeux le dérèglement climatique qui s’installe ».
Et même (5-6 août), « Quand on part en vacances entre amis, des grains de sable peuvent parfois enrayer la mécanique ». Un seul conseil : préférer la montagne, et à pied.
Adde (11 août) un titre : « Le crime organisé a infiltré l’État en Équateur ». Donc, merci aux cartels qui ont organisé ce pays ? « S’est infiltré dans » aurait convenu (pour ainsi dire).
Enfin (14 août), une avocate déplore la multiplication des emprisonnements : « On en vient à défendre des gens qui ont volé des bouteilles dans un Colruyt, il faut arrêter ». Comme le fait la police.
Non, on n’avait pas tout vu (17 août). Les travaux du viaduc de Vilvoorde vont durer 8 ans : « Une nouvelle dalle de béton sera posée sous l’asphalte ». La Flandre vise le Guinness Book.
Elle (éd. France, 27 juillet) déplore que restera absente des Jeux olympiques de 2024 « l’apnée de très haut niveau ». Voilà un sport mal compris.
Ce magazine (3 août) recommande un podcast de France-Culture consacré à Angela Davis et qui « revient sur la vie et la pensée de la militante communiste et professeure de philosophie afro-américaine née en 1944 ». Une discipline aussi rare que récente, donc.
Le Moniteur du 17 août publie un arrêté du collège de la Commission communautaire française, daté du 27 avril 2023 et qui approuve des profils de métiers, dont « conducteur de gerbeur ». En français, c’est un engin qui empile des charges, mais en argot parisien, où faut-il mener un tel dégoûtant ?
Dans celui du lendemain, un arrêté royal du 21 juillet 2023 (industrieux, le monarque !) rend obligatoire une convention collective de la commission paritaire des pompes funèbres relative au droit à la déconnexion. Elle n’était pas nécessaire.
Vlan(Charleroi, 16 août) titre : « Près de 100.000 amendes pour stationnement non payées en 2022 ». Débâcle de la police de P. Magnette (PS) ? Il y a seulement une (grosse) faute de grammaire : c’est le stationnement qui reste si mal payé.