"Ici et ailleurs" du JDJ N°433

Changement de genre …

En 2023, 607 personnes (39 de plus qu’en 2022) ont fait adapter la mention M/F sur leur carte d’identité afin de mieux la faire correspondre à leur identité de genre.

La moyenne d’âge diminue (une personne sur deux a moins de 25 ans) à la suite du changement de loi de 2017, qui a supprimé toutes les conditions médicales pour faire modifier la mention officielle du genre à l’État civil. (Ref. : Institut pour l’égalité des femmes et des hommes – ttps://igvm-iefh.belgium.be/fr).

… et enquête nationale

Une enquête nationale (la troisième du genre) sur les conditions de vie des personnes transgenres et/ou de genre non binaire est menée par le même institut avec l’Université de Gand pour recenser leurs expériences en matière de discrimination au cours des deux dernières années.

Public cible : les 15 ans ou plus qui s’identifient comme une personne transgenre ou de genre non binaire et qui vivent en Belgique. Quelques sujets abordés : l’identité et mode de vie, les documents officiels, les services de soins pour personnes transgenres, le bien-être social, l’expérience de la discrimination, les facteurs de stress et résilience.

Enquête ouverte jusqu’à fin juin sur www.tgnbstudy.be.

EVRAS …

A deux jours d’intervalle (le 3 puis 5 juin), la DH aborde deux sujets a priori non liés. D’une part les difficultés rencontrées par les animateurs EVRAS dans les écoles (notamment des élèves qui leur tournent le dos) au point que certaines écoles ont annulé les animations prévues. D’autre part, un fait divers concernant un enfant qui force deux autres à lui faire une fellation (les trois ayant 12/13 ans) et qui a été exclu de l’école (sanction présentée comme une évidence).

… ou pas EVRAS

On ne peut pourtant s’empêcher de faire un lien entre ces deux articles. À défaut d’éducation sexuelle et affective prodiguée par des adultes expérimentés, nul doute que les enfants trouvent l’information auprès d’autres sources qui n’ont aucune vocation éducative.

Même si rien ne dit que c’est le cas ici, on sait que certains auront tendance à reproduire ce qu’ils auront vu. Exclure définitivement un élève, qui adopte un comportement problématique plutôt que de lui faire profiter d’une éducation digne de ce nom, n’est ni juste ni constructif.

Accès à la justice …

Le Comité des droits de l’enfant des Nations unies a décidé de consacrer sa 27e Observation générale au droit de l’enfant d’accéder à la justice et à des recours effectifs.

L’accès à la justice a un rôle important à jouer dans la lutte contre les inégalités, la remise en cause des pratiques discriminatoires et le rétablissement des droits qui ont été bafoués et vise à responsabiliser les acteurs étatiques dans l’accomplissement de leurs obligations.

La grande majorité des enfants dont les droits sont violés n’a pas accès à la justice et ne bénéficient pas de recours en cas de violation ou de déni de ses droits.

… et recours effectifs

Les enfants font face à de nombreux obstacles pour faire valoir leurs droits, dont leur statut de dépendance et leur incapacité juridique, leur manque d’informations, l’absence de mécanismes de plainte accessibles, effectifs et adaptés aux enfants, ainsi que des facteurs économiques, sociaux et culturels.

En vue d’alimenter la rédaction de cette OG, le Comité a lancé un appel à contributions : voir « commentaire général 27 » sur www. ohchr.org.

C’est combien, trop long ? …

Dans quelques arrêts récents, la Cour européenne des droits humains a été amenée à statuer sur la longueur déraisonnable d’une détention administrative d’un étranger en séjour irrégulier.

Dans l’affaire K.J. et autres c. Russie (nos 27584/20 et 39768/20, 19 mars 2024), la Cour estime que plus de deux ans de détention d’immigrants sans réexamen périodique ni évaluation de l’existence d’une «perspective réaliste» d’éloignement malgré le temps écoulé constituaient une violation de la CEDH (art. 5, §1er).

Et dans l’affaire L. c. Hongrie (no 6182/20, 21 mars 2024), la Cour a constaté que la détention d’un ressortissant syrien pendant six mois était injustifiée (pas de risque réel de fuite ou de menace pour la sécurité nationale) ou dépourvue de base juridique.

… C’est un certain temps

Plus important encore, la Cour a indiqué que le fait que la détention ait duré six mois « à lui seul, indépendamment des questions relatives à l’éventuelle vulnérabilité du requérant, est de nature à susciter des inquiétudes ».

La décision est prise au cas par cas, mais il semble que les longues périodes de détention des immigrants (des années, mais aussi des mois) soient désormais jugées moins acceptables par la Cour que par le passé. L’enfermement de personnes, qui n’ont commis aucun délit, reste à notre avis honteux.


Les bésicles de Jiji

« Sur » n'est pas sûr

Une brève du Soir (8 février) s’intitule, en gras : « UC Louvain : des propos ‘haineux et violents’ sur des groupes d’entraide étudiante ». Ciel ! Qui s’en prend à ces congrégations de gentils élèves ? Personne, car on apprend ensuite que ce sont eux qui déversent leur pus à travers les réseaux asociaux. Alarmé, un vice-recteur a donc écrit à la communauté étudiante que déposer ainsi des insultes, appels à la violence ou propos « à caractère raciste, xénophobe, révisionniste ou relatifs à l’orientation sexuelle de personnes » est une infraction. A contrario, le <b>sexisme paraît ainsi très licite.

Ça tombe dru

  • À propos des crues dues aux fortes pluies, Le Soir (3 janvier) signale que dans le nord de la France aussi, on s’attend à des « niveaux exceptionnels » sur certaines rivières comme « la Canche, la Lys et Laquette ». Ce n’est que le nom d’un affluent de la précédente, obsédé/e/s !

  • Itou (9 janvier), la correspondante à Paris explique qu’Élisabeth Borne avait cru pouvoir garder son poste « jusqu’à la dernière minute d'un interminable suspense ». Même l’éternité a une fin.

  • Grande date pour la gazette : sur le permis de bâtir l’usine d’éthylène à Anvers, qu’a accordé le gouvernement flamand, « Groen a critiqué vertement cette décision ». What else ?

  • Aussi (20 janvier), la nouvelle ministre française de l’Éducation n’aime pas les écoles publiques : « La gauche l’accuse de mépris de classe ». Tout juste.

  • De plus (31 janvier), à l’athénée royal d’Evere, un enseignant avait été suspendu en raison de plaintes de collègues pour harcèlement moral, mais il a repris ses fonctions : « L'instruction suit son cours ». À l’évidence.

  • Encore (29 janvier), un titre en gras : « Le racket des Gazaouis au terminal de Rafah ». Selon Netanyahou et ses partisans ? Écrire : « Les Gazaouis victimes de racket », au lieu de les insulter.

  • Adde (5 février), un député bruxellois du PTB s’apprêterait à passer au MR ou au VLD : « Il évolue dans le giron d'Alexia Bertrand ». Stop à la porno-politique !

  • Par ailleurs (13 février), ralliée à Ecolo pour les élections, l’ex-judokate Charline Van Snick occupera « une place de combat ». Fausse retraite.

  • Et même (10 février), l’installation des Bastogne War Rooms (B. Lutgen, la modestie engagée) implique une « Nouvelle affection pour de vieilles casernes ». Lire « badernes », plutôt.

  • Poursuivons (15 février) : au sujet de Chicago-sur-Senne, « Les communes les plus impactées par les fusillades ». L’anglicisme est hideux ; « affectées » irait bien, mais pas « touchées ».

  • Autre grand jour du canard : au gouvernement flamand (encore), il y a eu « un rétropédalage sur une prime aux voitures électriques », à propos de laquelle L. Peters, ministre (VLD) de la Mobilité, a dû « faire marche arrière ».

  • Le supplément MAD (24 janvier) nous apprend que la nouvelle mini-série TV Masters of the Air « bénéficie d’un casting de haut vol ». Comme il se doit.

  • Sur le site de RTLinfo (1er janvier) : « Le faussé entre le couple [Harry-Meghan] et la Couronne se creuse de plus en plus ». Ils sont sur la voix du fosset (merci à Alain-Charles Van Gysel).

  • Ibidem (9 février), « Le parquet fédéral prêt à partager avec le Vatican les images pornographiques » : pendant le Carême ? (merci à lui aussi).

  • Celui de Belga (8 janvier) annonce que « Les autorités australiennes ont démantelé un vaste réseau de contrebande de reptiles » et que selon la police, les opérations des suspects étaient « cruelles et menées de sang-froid ». Par mimétisme (merci encore).

  • Au Moniteur du 5 janvier, un arrêté du Gouvernement flamand, daté du 15 décembre 2023 : « 112 conseillers de fond peuvent être déployés aux cabinets ». Grâce au traduiseur, on pressent l’épaisseur de l’obstruction ministérielle.

  • Le Journal des tribunaux (2024, p. 29) publie un arrêt rendu le 14 novembre 2023 par la cour d'appel de Liège : « Le tribunal de première instance (…) sursoit à statuer (…) dans l’attente d’une décision [au pénal] ayant autorité et forcenée chose jugée ». Juge, un métier de dingue.

  • Et sur www.echr.coe.int (24 janvier), l’annonce d’un arrêt de la Cour de Strasbourg : « L’affaire concerne la condamnation sur le fondement de la loi [française] du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse du requérant ». En voilà un vieil éditeur procédurier !

  • Au Flashde minuit de La Première (16 janvier) : « Le cyclone s’éloigne de La Réunion, où l’on dénombre un mort ». Bien triste, mais au moins, cela n’a pas été difficile.

  • Sur VivaCité(9 février, 21 h.), le commentateur du match féminin de basketball Belgique-Sénégal : « [La joueuse] va marquer son petit panier ». De la main, forcément ; féminiser le langage sportif reste ardu.