"Ici et ailleurs" du JDJ N°360

Un anniversaire…

Les CPAS ont 40 ans! Ils ont en effet été créés par la loi du 8 juillet 1976, date à partir de laquelle les caisses d’assistance publique ont été remplacées par les Centres publics d’aide sociale, devenus récemment d’action sociale.

À cette occasion, le SPP Intégration sociale organisait une journée avec le regard tourné vers l’avenir pour «mettre en lumière les personnes qui frappent à la porte des CPAS ainsi que les employés qui quotidiennement s’engagent à lutter contre la pauvreté».

Au menu de cette journée, des questions telles que : comment détecter activement la pauvreté, comment faire en sorte que le citoyen vainque sa peur d’aller demander de l’aide, comment organiser un bon accueil au CPAS ou encore comment élaborer un projet individualisé d’intégration sociale.

On le voit, pas question d’analyser les politiques du Gouvernement qui poussent quantité de gens dans la précarité ni les dégâts causés par le néo-libéralisme qui permet à un nombre beaucoup plus limité de gens à accéder à l’extrême richesse.

… dont on se serait bien passé !

Le moins que l’on puisse dire, c’est que les CPAS font face à une quantité d’enjeux bien plus importants qu’au moment de leur création. Les services proposés sont plus variés et le public hétéroclite.

Diverses autorités se défaussent de leurs missions sur ces centres (pensons aux exclusions du chômage, notamment) qui peinent à faire face à toutes leurs obligations.

En cette période du retour en force de l’approche caritative (on revient aux pulls couleur caca d’oie chers à Jacques Brel), de la soupe populaire, des banques alimentaires, de la responsabilité individuelle (est pauvre qui le veut bien), de l’activation des fainéants et du tapage médiatique autour de la campagne auto-promotionnelle de la RTBF sur la pauvreté infantile, on ne peut certainement pas dire que la pauvreté a diminué et que les CPAS ont rempli leur mission.

Les CPAS ont donc encore un avenir. Bien sombre, cependant, vu les conditions dans lesquelles ils doivent remplir leur mission.

Un Manifeste…

Le comité de vigilance du travail social (CVTS) a élaboré un «Manifeste du travail social», accessible sur leur site www.comitedevigilance.be.

Il peut être signé au nom d’une organisation ou à titre personnel. Le préambule explique l’origine de la démarche : «Le Comité de Vigilance en Travail social (CVTS) est né dans la tourmente. Celle de travailleurs sociaux emprisonnés et poursuivis pour leur engagement à mener une action sociale digne de ce nom (note : aide à des migrants).

Le soutien et l’indignation du terrain ont abouti à la création du CVTS. Le CVTS a grandi dans les consciences de travailleurs sociaux de tous les secteurs et de toutes les fonctions ; des travailleurs en désaccord avec des injonctions sécuritaires ou contrôlantes, inquiets de la manière dont les politiques, les organisations et les pratiques sociales détricotent peu à peu les principes essentiels du travail social.

Depuis plus de dix ans maintenant, le CVTS recueille les témoignages individuels ou d’équipes attentifs à garder et construire le sens d’une pratique du travail social qui est de plus en plus mise à mal jusque dans ses dimensions éthiques.

Le moment nous semblait venu d’agir collectivement, d’autant que les échos, même hors de la sphère du travail social, esquissent l’image d’une société faite de relations marchandisées et en voie de déshumanisation comme en témoignent les revendications de nombreux secteurs tant publics que privés».

… manifestement…

Ce Manifeste est destiné à réaffirmer les principes incontournables du travail social et dénoncer la banalisation et le non-respect de ceux-ci, pour garantir les conditions minimales d’exercice de cette profession.

… fondamental et salutaire.

Les atteintes à ces principes sont nombreuses :
remise en cause du secret professionnel des agents des CPAS, surcharge de travail remettant en cause la qualité de celui-ci, logique de contrôle…

Le CVTS rappelle que le travail social repose sur :

  • La garantie donnée à chaque individu ou groupe d’affirmer sa place de sujet pleinement inclus dans la société, dans le respect de ses droits fondamentaux et de son autodétermination.
  • La garantie du secret professionnel qui résulte d’un choix de société fort. Il permet à tous la possibilité d’être entendus sans être jugés, d’être aidés en continuant à décider pour soi et permet aux professionnels de poser des actes en en mesurant toutes les conséquences. En cela, il concourt à rendre possible une vie en société.
  • La garantie que les politiques sociales soient toujours traversées par un souci de justice, d’égalité et d’équité dans l’analyse des situations sociales, qu’elles soient individuelles ou collectives, et dans l’accompagnement des personnes.

Le travail social ne doit jamais être de l’ordre du contrôle, de la garantie de l’ordre public et moral ou de la désignation des méritants.


Les bésicles de Jiji

C’est une langue belle… (Yves Duteil)

Le Moniteur du 26 octobre a publié un décret de la Communauté française daté du 30 juin 2016 et «relatif à l’enseignement de promotion sociale inclusif». À la différence de son contraire, le terme français «inclusif» ne veut pas dire grandchose («qui inclut» : voir J.D.J., n° 322, p. 47); l’article 1er, 1° du décret met d’ailleurs trois lignes à définir son objet.

Et surtout, il fallait placer «inclusif» après «enseignement» pour ne pas avoir l’air de commettre une grosse faute d’accord.

… mais de moins en moins

J’insiste. Selon Le Soir (2 novembre), la Première ministre britannique, «Theresa May a fait des promesses à l’industrie automobile… qui n’engagent qu’elle». Le journaleux aurait aussi bien écrit «aux producteurs automobiles», auquel cas Ms. Brexit serait devenue l’unique employée de ces patrons.

J’ignore d’où sort l’idée que le français n’admet pas les inversions, mais elle est fausse : «a fait à l’industrie automobile des promesses» sonne aussi clair qu’élégant.

Comme la confiture

Le Code bruxellois de l’aménagement du territoire dispose (article 6) que l’écoulement des délais des enquêtes publiques est suspendu durant les vacances scolaires. En conséquence, le Moniteur du 14 novembre a publié l’arrêté du 6 octobre 2016 qui communique les dates de ces vacances pour l’année 2015-2016 : «Les périodes de vacances scolaires (…) s’étalent (…)». Le gouvernement aussi.

Ça tombe dru

  • À l’ULB, une petite annonce affichée à l’intention des étudiants : «3 charmants studios entierrement rénovés, (…) à deux pas du cimetière d’Ixelles». Et quel calme !
  • Même lieu, une forte pensée en sérigraphie sur un mur : «L’isolation augmente la peur de l’autre». Par contre, l’isolement réduit la peur du froid.
  • Le Soir (22-23 octobre) cite «un responsable» anonyme du PS au sujet du projet de traité transatlantique, un dossier que P. Magnette «maîtrise magistralement». Il faut le dire.
  • Au même sujet, la gazette (2 novembre) rapporte qu’A. Antoine, président (CDH) du Parlement régional, avait «remonté les bretelles» à «la patronne de l’Agence wallonne à l’exportation». La luxure reste un péché capital.
  • Ibidem, 26 octobre, sur la réduction des pouvoirs des juges d’instruction : «une information conduite par le procureur, à charge pour lui de [la] mener à charge et à décharge». Comme un baudet.
  • Itou (27 octobre), un titre : «Bientôt de la musique pour chats dans les bacs ?». Ces animaux si discrets apprécieront une couverture harmonieuse des bruits de leurs toilettes.
  • Encore (2 novembre) : «C’est sous Louis XIV puis Louis XV (XVIIème siècle) [toujours ce sens infaillible de la chronologie !] que la trompe devient l’organe officiel de la vénerie». Une cousine inconnue de l’éléphant ? (c’est la chasse à courre).
  • De plus (9 novembre), à propos de la refermeture de Marks&Spencer : «Au Royaume-Uni (…) une centaine de magasins de vêtements vont voir leur taille se réduire ». Vers une fusion avec Mothercare, peut-être.
  • En outre (12-13 novembre), concernant l’opération «Plaisirs d’hiver», le bourgmestre de Bruxelles, Y. Mayeur, aurait déclaré que «L’arrivée de l’hiver est une très bonne nouvelle». Plus que celle de l’été, certainement, mais sans doute pas pour les sans-logis.
  • Au Moniteur du 24 octobre, un arrêté régional bruxellois daté du 13 septembre 2016 modifie celui du 2 avril 2015 «portant désignation des membres de la commission d’évaluation chargée de l’évaluation des titulaires de mandats». Ils savent ce qu’ils font là.
  • Lu sur le site du CDH [merci à J. Fierens], rubrique «L’agenda» : «Il n’y a pas de futurs événements pour le moment». Passéistes, va.
  • Entendu au Journal de la RTBF Radio (3 novembre, 18 h.) : «C’est la douche froide pour les employés du parc aquatique Océade à Bruxelles». Non à cause d’une panne de chauffage, mais de l’annonce de sa démolition.