La croissance sans précédent des acteurs privés dans l’éducation au niveau international, notamment dans les pays à faibles revenus, est sur le point de transformer totalement des systèmes éducatifs déjà fragiles.
Ce phénomène a un impact négatif en termes de qualité des contenus éducatifs, de ségrégation territoriale, d’inégalités sociales et plus généralement de réalisation des droits de l’Homme. C’est pour lutter contre ce phénomène et rappeler le rôle de régulateur des Etats dans les systèmes éducatifs qu’un appel de la société civile francophone a été lancé.
Toute organisation se sentant concernée est invitée à signer cet appel ; voyez sur : www.right-to-education.org/fr.
Une soixantaine de médecins, pédiatres, psychiatres, cliniciens s’interrogent sur le trouble de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDA-H) et ses traitements.
Ils constatent que la prescription croissante de médicaments psychotropes est trop souvent considérée comme unique solution (voir la Carte blanche parue dans le Soir du 7 juin 2016). Ils lancent un appel via www.stopmedikids.org.
Ils rappellent que le TDA-H n’est pas une maladie mais une dénomination qui regroupe un ensemble de signes comportementaux : distraction, hyperactivité, impulsivité, signes présents à des degrés divers chez tous les enfants. La limite entre normal et pathologique ne peut être scientifiquement fixée. À l’inverse d’une maladie, cet ensemble de difficultés n’est pas le fruit d’une cause clairement identifiée. Il est issu de facteurs multiples et variables qui s’influencent mutuellement, ce pourquoi aucun traitement ne peut être donné de manière systématique.
Ils préconisent un diagnostic multidisciplinaire approfondi qui tienne compte de la singularité de l’enfant, de son histoire, de son environnement familial, de son profil neurocognitif, scolaire, social… Et de n’utiliser les médicaments que dans quelques rares cas et toujours en lien avec une prise en charge globale.
Or, sur le plan de la prescription des médicaments, tous les voyants sont au rouge : non seulement ils sont prescrits plus fréquemment, mais à des classes d’âge élargies. La dérive commerciale pousse médecins, enseignants et parents à voir dans le médicament une solution simple, rapide et efficace. La publicité de groupes pharmaceutiques vantant de bons résultats scolaires grâce à la médication interpelle tout autant que le financement de colloques et d’études pseudo-scientifiques, la mise en avant d’experts – consultants par ailleurs – ou encore le soutien financier d’associations.
Ces praticiens s’interrogent : pourquoi privilégier le remboursement de ces médicaments au détriment de la promotion d’autres prises en charge ? Pensons par exemple à rendre plus accessibles la psychomotricité et les consultations psychothérapeutiques, à soutenir des espaces d’accueil parents-enfants, à créer des groupes de parole, à mieux promouvoir le sport, les mouvements de jeunesse, la culture… Bien sûr, cela ne fait pas les affaires des firmes pharmaceutiques qui se font de la thune sur le dos des patients…
Raison de plus pour soutenir cet appel. (Sur ce thème, voyez aussi notre dossier dans le JDJ n° 348 d’octobre 2015.)
Le Rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit des migrants (François Crepeau) a fait une visite en Grèce du 12 au 16 mai 2016. La situation qu’il décrit dans son rapport est catastrophique et tellement plus que tout ce qu’on peut imaginer.
Des dizaines de milliers de migrants restent coincés dans des camps officiels ou de fortune sans que leurs besoins de base ne soient rencontrés.
Le Rapporteur spécial exprime sa vive préoccupation au sujet des conditions de détention, de la surpopulation, du dépassement des délais légaux de privation de liberté, de l’absence de garanties procédurales suffisantes, de la situation chaotique généralisée, en ce compris pour les mineurs nonaccompagnés et en particulier dans les «hotspots».
Il a rencontré des mineurs non-accompagnés enfermés dans des cellules de bureaux de police, pendant plus de deux semaines et parfois jusqu’à un mois. Il a aussi vu des familles entières détenues dans ces «hotspots» pendant des semaines.
Dans les deux cas, les enfants étaient manifestement traumatisés.
Il pointe encore le manque d’informations sur leurs droits laissant les migrants dans l’ignorance de ce qu’ils peuvent faire.
Il demande urgemment à la Grèce d’arrêter de détenir des migrants.
Il poursuit son rapport en pointant du doigt l’Union européenne et les États Membres qui n’ont pas de stratégie à long terme concernant la migration et se contentent de réagir aux événements, généralement trop tard.
En présentant cette situation comme une crise humanitaire, l’UE démontre sa politique à courte-vue. La véritable crise en Europe réside dans le manque de volonté politique, l’absence de vision commune sur le fait que la migration et la mobilité font partie du présent et du futur de l’Europe.
La «déclaration» du 18 mars 2016 entre l’Union européenne et la Turquie est un arrangement sans base légale.
Voir sur le site web : www.ohchr.org
Toujours sur le thème de la migration, Marie Pierre Poirier, la Coordinatrice spéciale de l’UNICEF pour la crise des réfugiés et des migrants en Europe, a rédigé un rapport sans concession sur leur traitement et plus particulièrement celui des mineurs non accompagnés.
Voir : https://www.unicef.fr/contenu/espace-medias/mineurs-non-accompagnes-des-dangers-chaque-pas
Une Proposition de loi relative aux mutilations génitales féminines (MGF) a été déposée au Parlement.
Elle entend poursuivre la lutte contre ce phénomène en adaptant la réglementation relative au secret professionnel et en rendant obligatoire l’enregistrement des mutilations génitales dans le dossier hospitalier des patientes. Elle autoriserait les praticiens professionnels à rompre le secret professionnel et à signaler ces faits au procureur du Roi, ceci indépendamment de l’identité de la victime qu’ils examinent et même s’il ne s’agit pas, comme le prévoit la réglementation actuelle, d’une mineure ou d’une personne vulnérable en raison de son âge, d’un état de grossesse, de la violence entre partenaires, d’une maladie, d’une infirmité ou d’une déficience physique ou mentale.
Et elle imposerait aux médecins de consigner systématiquement les faits de mutilations génitales dans le dossier hospitalier, y compris le type de mutilation, ainsi que le pays et la région d’origine de la patiente ou de la famille concernée.
Cette proposition n’est sans doute pas sans lien avec l’entrée en vigueur en Belgique le 1er juillet 2016 de la Convention d’Istanbul du Conseil de l’Europe qui vise à lutter contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique.
Sur l’application de cette Convention aux demandes d’asile des femmes et filles victimes de violences sexuelles, mariages forcés ou MGF, voyez l’article de Sophie Forrez, juriste à l’asbl INTACT, «la Convention d’Istanbul comme nouvel outil pour lutter contre les mutilations génitales féminines et son impact sur le droit d’asile» publié dans le Tijdschrift voor Vreemdelingenrecht.
Au Moniteur du 7 avril (2ème éd.), on avait pu lire que le chef de corps de la police locale de Wavre (tiens, tiens) avait été désigné par un arrêté royal du 13 mars 1916, ce qui en faisait sûrement le doyen des flics. Mais un erratum (23 mai) vient détromper les inconsolés de Horst Tappert.
Celui du 18 mai publie un arrêté royal du 1er mai 2016 «portant fixation du plan d’urgence national relatif à l’approche d’une prise d’otage terroriste ou d’un attentat terroriste».
Il suffit de mettre en lieu sûr la personne menacée d’enlèvement ? Non, il fallait se relire et traduiser plutôt l’original néerlandais «de aanpak» par «le traitement» ou «la réponse».
Et dans celui du 27 mai : «Loi modifiant la loi-programme (I) du 29 mars 2012 concernant le contrôle de l’abus d’adresses fictives par les bénéficiaires de prestations sociales, en vue d’introduire la transmission systématique de certaines données de consommation de sociétés de distribution et de gestionnaire de réseaux de distribution vers la BCSS améliorant le datamining et le datamatching dans la lutte contre la fraude sociale». Toute la clarté va être faite.
Inlassable (voir J.D.J., n° 354, p. 63), le gouvernement wallon se préoccupe à présent de «l’identification et l’enregistrement des chats» : arrêté du 28 avril 2016 (Moniteur, 12 mai). On y lit que «le responsable» est «la personne physique, propriétaire ou détentrice d’un chat, qui exerce habituellement sur lui une gestion ou une surveillance directe ». Une telle personne n’existe pas.